Le descendeur français Cyprien Sarrazin est "réveillé et conscient" samedi après l'opération visant à drainer un hématome intracrânien provoqué par sa violente chute la veille sur la piste de Bormio, qui focalise à nouveau les critiques.
Un an après avoir remporté sur la Stelvio sa première descente de Coupe du monde et lancé la plus belle saison de sa carrière, Sarrazin, 30 ans, est hospitalisé non loin de la station italienne, à Sondalo.
Les nouvelles distillées par communiqués par la Fédération française de ski sont rassurantes pour le chef de file de l'équipe de France de vitesse, N.2 mondial en descente l'hiver dernier.
"Cyprien Sarrazin est réveillé et conscient. Son état est stable, il sera gardé en observation pour une durée encore indéterminée", a annoncé la FFS samedi en fin d'après-midi.
En début de matinée, elle avait indiqué que l'opération réalisée dans la nuit de vendredi à samedi "pour décomprimer l'hématome intracrânien", s'était "bien passée".
Il est encore trop tôt pour connaître la durée de l'absence du skieur du Dévoluy, touché également à une cheville et à une vertèbre, qui avait déjà été hospitalisé en soins intensifs en 2018 pour une commotion cérébrale à la suite d'une chute en géant à Garmisch-Partenkirchen (Allemagne).
Sa violente chute vendredi à l'entraînement a choqué skieurs, entraîneurs, suiveurs et spectateurs.
Meilleur temps du premier entraînement la veille et en tête lors de chaque chrono intermédiaire de ce second entraînement, Sarrazin, 30 ans, a perdu le contrôle de ses skis sur la dernière difficulté de la piste, le "mur de San Pietro", qu'il abordait à plus de 120 km/h.
- Trois kilomètres de long -
Il a été déséquilibré et s'est littéralement envolé sur un mouvement de terrain avant de retomber brutalement sur la piste et d'être arrêté par les filets de protection au terme d'une longue glissade.
Après vingt minutes de soins, Sarrazin a été héliporté vers un hôpital voisin.
Deux autres skieurs, l'Italien Pietro Zazzi (fracture tibia-péroné) et le Suisse Josua Mettler (ruptures des ligaments croisés des deux genoux), se sont blessés lors de ce second entraînement, relançant les critiques sur la préparation de la Stelvio où auront lieu les épreuves masculines de ski alpin des JO-2026 de Milan Cortina.
Longue de plus de trois kilomètres avec des portions en dévers, la Stelvio est l'une des pistes les plus difficiles du circuit avec son dénivelé de près de 1.000 m, ses 60% de pente moyenne et surtout son revêtement que les skieurs considèrent comme insuffisamment homogène et donc dangereux.
Lors de la descente remportée samedi à la surprise générale par le Suisse Alexis Monney, 24 ans, six participants ont abandonné ou chuté, sans toutefois se blesser.
"Ils ne savent pas préparer les pistes, cela fait quarante ans qu'ils préparent les pistes et ils ne savent rien faire d'autre que préparer des pistes dangereuses", avait asséné vendredi sur Eurosport le Français Nils Allègre, encore sous le choc de la chute de Sarrazin et 10e de la descente samedi.
- "Nous avons atteint les limites" -
"Ils ne méritent pas d'avoir les Jeux olympiques ici", avait-il ajouté.
"Cette Stelvio est plus dangereuse que d'habitude", avait de son côté estimé le N.1 mondial, le Suisse Marco Odermatt, 5e samedi.
Contacté par l'AFP, le comité d'organisation des JO-2026 a "réitéré son engagement et son attention indéfectibles, en synergie avec la FIS et le CIO, pour placer les athlètes dans les meilleures conditions de sécurité".
La Fédération internationale de ski (FIS) a elle défendu la piste "qui a été préparée comme elle l'est chaque année", a assuré Markus Waldner, le patron du circuit masculin.
"Le problème, a-t-il toutefois reconnu, c'est que le jour de Noël, il y a eu beaucoup de vent et on sait ce que fait le vent: il a séché la neige du bas vers le haut, ce qui explique que la neige n'était pas uniforme sur la piste qui fait trois kilomètres et qu'il est impossible de rendre uniforme."
Plus que la préparation des pistes, capitale pour une discipline à hauts risques, le responsable de la FIS pointe du doigt l'évolution de l'équipement, des skis et fixations notamment, qui permettent aux skieurs d'aller toujours plus vite et de prendre plus de risques.
"Nous avons atteint les limites, il n'y a plus de marge", a-t-il estimé, regrettant n'être pas écouté par "les plus grandes fédérations".
Par Jérôme RASETTI / Bormio (Italie) (AFP) / © 2024 AFP