La coupe du monde de football féminine : un succès planétaire
L'édition 2023 de cette compétition a explosé les compteurs : plus de 2 milliards de téléspectateurs ont suivi l’événement, un record absolu pour une compétition féminine. Ce chiffre impressionnant témoigne de l’intérêt croissant du public. À titre de comparaison, la Coupe du monde masculine 2022 a réuni 5 milliards de téléspectateurs, mais l’écart se réduit chaque année. Gianni Infantino, président de la FIFA, n'a pas caché son enthousiasme à l'époque : "Cette Coupe du Monde Féminine de la FIFA 2023 a tout simplement été la plus grande, la meilleure Coupe du Monde Féminine de la FIFA de tous les temps." En France, les matchs de l’équipe nationale féminine battent régulièrement des records d’audience. La preuve, lors du quart de finale de la Coupe du monde 2019 contre les États-Unis, l'équipe de France féminine a rassemblé 11,8 millions de téléspectateurs.
Pendant un siècle, aucune femme n’a eu accès au Conseil de la FIFA. En 2016, l’organisation a marqué un tournant historique en nommant Fatma Samoura comme première femme Secrétaire générale. Deux ans plus tard, elle lançait sa première stratégie mondiale dédiée au football féminin, suivie, en 2019, d’un engagement inédit : un investissement d’un milliard de dollars pour développer cette discipline encore sous-représentée.
Les femmes dans les fédérations sportives : un retard persistant
26,9 % des postes de direction dans les fédérations sportives internationales sont occupés par des femmes. Ce chiffre, résultant d'une étude de la Sport Integrity Global Alliance (2023), chute à moins de 10 % dans des disciplines comme le rugby ou le football, des bastions traditionnellement masculins. La même étude révèle que, parmi les 31 fédérations sportives internationales analysées, seules trois sont dirigées par une femme. À l’échelle mondiale, ce déséquilibre est encore plus frappant. Sur 206 comités olympiques nationaux, seulement 24 % d'entre eux sont dirigés par des femmes selon la SIGA (Sport Integrity Global Alliance).
Les licenciées sportives en France : des chiffres en progression
En 2023, près de 5 millions de femmes étaient licenciées dans les fédérations sportives françaises, soit 38,6 % du total des pratiquants selon les chiffres de l'INJEP (Institut national de la Jeunesse et de l'Éducation populaire). Cependant, certaines disciplines comme la gymnastique ou la danse affichent une quasi-parité, tandis que d’autres, comme le football (12,4 % de licenciées en 2024 selon la FFF), restent très masculines. Du côté du ballon ovale, le nombre de licenciées a triplé en dix ans. En 2019, la Fédération Française de Rugby (FFR) comptait environ 21 000 licenciées féminines. En 2023, ce chiffre a atteint 48 000, soit une augmentation de plus de 120 % en quatre ans.
Les pionnières modernes qui ont ouvert la voie
De nombreux domaines du sport ont longtemps été prédominés par les hommes. L’arbitrage par exemple, a longtemps été réservé aux hommes, a connu une révolution avec des figures emblématiques comme Stéphanie Frappart. En 2020, elle est devenue la première femme à officier lors d'un match masculin de Ligue des nations. Elle arbitre la rencontre opposant Malte à la Lettonie (1-1). Outre Atlantique, Sarah Thomas a marqué l’histoire en 2021 en devenant la première femme à arbitrer un Super Bowl aux États-Unis. Son parcours dans la National Football League (NFL) a prouvé que les femmes peuvent exceller dans des environnements où elles étaient auparavant absentes.
L'audience des sports féminins
7 personnes sur 10 regardent le sport féminin aujourd’hui. Près de 73 % d’entre elles déclarent regarder le sport féminin au moins plusieurs fois par an , un chiffre qui n’est pas très loin du pourcentage de celles qui regardent le sport masculin à la même fréquence (81 %) selon des chiffres de l'ONU Femmes. Longtemps figée, la visibilité médiatique du sport féminin a connu un essor spectaculaire depuis 2019 : en trois ans, elle est passée de 5 % à 16 % du temps d’antenne. Si cette dynamique se poursuit, les femmes pourraient représenter 20 % de la couverture sportive en 2025, un tournant historique pour l’égalité dans les médias
Les Jeux Olympiques, un tremplin pour les athlètes féminines
Paris, 1900. La capitale accueille pour la première fois un des événements les plus célèbres de la planète. À cette époque, la place des femmes n'était pas consolidée comme aujourd'hui. Seulement 2,2 % des participants (22 sur 997) étaient des femmes. 24 ans plus tard, lorsque la ville lumière a de nouveau accueilli les Jeux, le pourcentage de femmes avait légèrement augmenté, mais elles ne représentaient que 4,4 % des athlètes participants (135 sur 3089).
Ce sont les Jeux Olympiques de Tokyo, en 2020, qui ont marqué une étape significative vers l'égalité des sexes dans cet évènement mondial et dans le sport en général. Pour la première fois, la participation féminine a atteint 48 %, soit 5 457 athlètes féminines sur un total de 11 420 participants, établissant un nouveau record de parité. Cette progression vers l'équilibre a été renforcée par l'introduction de nouvelles épreuves mixtes, doublant leur nombre par rapport aux Jeux de Rio 2016. Des disciplines telles que le relais 4x400 mètres en athlétisme, le relais 4x100 mètres quatre nages en natation, l'épreuve par équipes mixtes en judo et en tir à l'arc, ainsi que le double mixte en tennis de table, ont fait leur apparition.
L'objectif du comité international olympique était d'atteindre une parité totale lors des JO de Paris 2024. Mission presque réussie, 49,14% des athlètes était des femmes (5528 sur 11 237 athlètes qualifiés).
Records d'affluence dans le sport féminin : les stades s'embrasent
Le 22 avril 2022, le Camp Nou de Barcelone a été le théâtre d'un moment historique pour le football féminin. Lors de la demi-finale aller de la Ligue des champions féminine opposant le FC Barcelone à Wolfsburg, 91 648 spectateurs se sont rassemblés, établissant un nouveau record mondial d'affluence pour un match de football féminin.
L'intérêt pour le sport féminin ne se limite pas au football. Le 8 mars 2020, lors de la finale de la Coupe du monde de cricket féminin en Australie, 86 174 spectateurs ont assisté à la rencontre entre l'Australie et l'Inde au Melbourne Cricket Ground. Plus récemment, le 30 août 2023, un nouveau sommet a été atteint aux États-Unis. Au Memorial Stadium de Lincoln, dans le Nebraska, 92 003 personnes ont assisté à un match de volley-ball universitaire féminin entre les équipes de l'Université du Nebraska et d'Omaha, établissant ainsi le record mondial d'affluence pour un événement sportif féminin.
La place des femmes dans les médias sportifs
La représentation des femmes dans les médias sportifs c'est grandement améliorée au cours de la dernière décennie. Selon le ministère des Sports, la part du sport féminin dans les programmes sportifs télévisés est passée de 7 % en 2012 à 14 % en 2014. Cette progression a été soutenue par des initiatives telles que les « 24 heures du sport féminin », lancées en 2014, qui ont évolué en 2016 pour devenir les « 4 saisons du sport féminin », visant à promouvoir la pratique féminine du sport et à accroître sa visibilité médiatique.
Cette sous-représentation est également visible dans la presse écrite, où les articles consacrés aux sportives oscillent entre 5 % et 10 % du contenu sportif selon le Sénat. Pour remédier à cette situation, l'Arcom a mis en place l'opération « Sport Féminin Toujours », incitant les médias à diffuser davantage de contenus liés au sport féminin. En 2023, cette initiative a encouragé les diffuseurs à proposer des retransmissions, des reportages et des interviews de sportives, tout en abordant des thématiques telles que la place des femmes dans les instances dirigeantes et la maternité des athlètes de haut niveau.
En 2022, une étude du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a montrée que ces efforts n'ont pas suffisamment payés : les sports féminins ne représentaient que 18 % du temps d’antenne consacré aux sports en France. Le bon de 2014 est donc bien loin. Malgré une progression, en dix ans, les audiences ont augmentée seulement de 4%.