Un vent froid balaie la vallée de la Tarentaise. Des vacanciers descendent les pistes et croisent un skieur rangé sur le côté en train d'avancer quasiment à la même vitesse qu'eux... mais en remontant. C'est Thibault Anselmet, star du ski-alpinisme, en pleine préparation des Mondiaux en Suisse (2-8 mars).
Cent ans après sa première olympique, cette discipline a été réintégrée au programme des prochains JO de Milan-Cortina et le Français de 27 ans en rêve déjà.
Sur les sentiers enneigés de la station savoyarde de Sainte-Foy, le souffle saccadé de Thibault Anselmet dégage une épaisse fumée dans l'intensité de sa foulée. Chaussé de skis ultra-légers et habillé comme un biathlète, il est capable de grimper jusqu'à 1.800 mètres de dénivelé en une heure.
"Cela demande énormément de caisse. La souffrance fait partie du jeu", explique-t-il à l'AFP.
Fils d'un moniteur de ski basé à Bonneval-sur-Arc (Savoie), le jeune Thibault a grandi en suivant son papa dans les grandes compétitions européennes, comme la mythique Pierra Menta.
- Triathlon du ski -
"Il a remporté une médaille de bronze aux Championnats d'Europe en 2007. Je le voyais aller s'entraîner, avant ou après le travail, et j'ai voulu sortir avec lui en montagne", raconte ce jeune homme longiligne aux cheveux châtains impeccablement coiffés.
Thibault développe un foncier impressionnant en même temps qu'une grande passion pour ce sport de pleine nature. Alors que la pratique du ski de rando explose en amateur, le circuit pro se structure autour d'une Coupe du monde et se hisse parmi l'élite.
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Le Français Thibault Anselmet, champion de ski-alpinisme, à l'entraînement près de la station de Saint-Foy-Tarentaise (Savoie), le 18 février 2025
JEFF PACHOUD - AFP
"J’ai trouvé du plaisir dans la variété de l’exercice. Je ne visais pas forcément la place de numéro un", avoue-t-il presque gêné dans son appartement, à côté de ses globes de vainqueur du classement général de la Coupe du monde en 2023 et 2024.
Lors d'une montée en course, on souffle, on souffre et "parfois on profite un peu du paysage", apprécie le champion. A la descente, les peaux de phoques sont rapidement enlevées et le sport se transforme en ski alpin chargé d'adrénaline.
Les transitions entre les différentes phases -- ôter les skis, mettre les peaux, les enlever... -- sont cruciales pour faire la différence face aux meilleurs mondiaux, pour la plupart Italiens, Suisses, Espagnols et Français.
- Sprint vers les JO -
Présent lors des premiers Jeux d'hiver en 1924 avant d'être abandonné en 1948, le ski-alpinisme revient au programme des Jeux en Italie l'année prochaine. Et c'est le sprint, l'épreuve la plus courte, qui a été choisi en premier par le CIO.
"Environ trois minutes d'efforts très violents avec 80 mètres à monter, à ski et même en courant, puis une descente en alpin", détaille Thibault Anselmet. Six skieurs affrontent la piste aménagée en même temps.
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Le Français Thibault Anselmet, champion de ski-alpinisme, s'équipe avant un entraînement près de la station de Saint-Foy-Tarentaise (Savoie)
JEFF PACHOUD - AFP
"C'est plus aseptisé que les autres courses de notre sport, mais l'idée était de concentrer ce que l'on trouve sur l'individuelle (format roi d'1h30 le plus souvent en milieu naturel, ndlr): il y a beaucoup de changements de direction, des transitions et de la tactique pour dépasser", estime-t-il.
A l'issue d'une manche, les trois premiers sont qualifiés, jusqu'à la finale. Le relais mixte, deuxième épreuve olympique, se joue sur un format un peu plus long. Un homme et une femme alternent sur le même parcours, chacun deux fois, pendant environ 30 minutes.
"Les JO en Italie, c’est un rêve. C'est une chance pour nous d’être exposés à un public plus large", espère Anselmet, dont l'ambition est claire: décrocher l’or. "J’y vais pour gagner. Je ferai tout pour être à mon plein potentiel", avance-t-il.
Sur son calendrier, les dates du 19 au 21 février 2026 sont déjà cochées.
AFP / Sainte-Foy-Tarentaise (France) (AFP) / © 2025 AFP