C'est l'as des aces: vainqueur dimanche de son premier tournoi ATP 500 à Bâle et bien parti au Masters 1000 de Paris, Giovanni Mpetshi Perricard s'appuie sur un service d'une puissance et d'une qualité exceptionnelles.
Ce n'est pas le N.2 mondial Carlos Alcaraz qui dira le contraire. Pour l'Espagnol, "sans aucun doute", le Français de 21 ans, classé 31e à l'ATP, possède le meilleur service du circuit masculin.
"Il a un service franchement fabuleux", a renchéri le numéro 1 français Ugo Humbert. "Il sert très fort" même sur ses deuxièmes services, "il y va tout le temps", applaudit le 18e joueur mondial, qui s'entraîne parfois avec son compatriote.
Au premier tour du Masters 1000 de Paris le Français a infligé 28 aces à l'Américain Frances Tiafoe, 17e mondial, engageant le jeu à une vitesse moyenne de 221 km/h sur ses premiers services.
En cinq matches à Bâle, Mpetshi Perricard avait claqué pas moins de 109 aces, soit près de 22 par match.
"Il m'a presque tué", s'est ému sa victime en finale, l'Américain Ben Shelton (19e), touché à la main par un des missiles du Français.
Selon l'ATP, "GMP" a servi face à Shelton à une moyenne de 221 km/h sur son premier service et de 213 km/h sur son second.
"Et ce sont des moyennes", pas des vitesses maximales, a souligné un Carlos Alcaraz, ébahi. "C'est dingue".
Camarade d'entraînement de Mpetshi Perricard "depuis qu'on a 13 ans", le Français Arthur Fils (20e) ne se montre guère surpris par l'éclosion de son compatriote.
"Ce qu’il réalise à Bâle c’est super, mais pour lui c’est normal au vu de son potentiel. J'ai toujours su qu'il allait devenir très bon", assure le joueur de 20 ans.
Mais comme son premier tour contre Tiafoe l'a parfois montré, Mpetshi Perricard est moins souverain quand son adversaire parvient à retourner son service.
- "Ca va le faire" -
Mardi, le Français a ainsi commis 53 fautes directes, pour 49 coups gagnants. Treize doubles fautes ont par ailleurs entaché ses jeux de service.
"Mon jeu est assez risqué", a-t-il reconnu après sa victoire en conférence de presse. "Parfois, ça marche. Parfois, ça ne marche pas", a-t-il philosophé, tout en se disant prêt à "assumer ce risque" jusqu'à la fin de sa carrière.
Pour Julien Cassaigne, l'entraîneur de Richard Gasquet, il faut que Mpetshi Perricard arrive "à maîtriser cette arme" qu'est son service.
L'entraîneur rappelle le précédent du joueur américain Maxime Cressy, un spécialiste du service-volée arrivé aux portes du top 30 en 2022 mais aujourd'hui retombé en 227e rang.
La constance reste clairement un axe de progression pour le jeune Français: avant de battre trois joueurs du Top 20 en moins de dix jours à Bâle et Paris, il s'était incliné trois fois de suite au premier tour, à Pékin, Shanghai et Anvers.
"Depuis la semaine dernière je joue bien, l’indoor favorise mes armes", a estimé mardi Giovanni Mpetshi Perricard quelques instants après sa victoire. Mais "c'est important d'avoir de la constance", a-t-il aussitôt enchaîné.
Pour compléter sa panoplie, Mpetshi Perricard doit aussi arriver à "mieux retourner", notamment en revers, juge Julien Cassaigne. "Et il faut perfectionner son service volée", insiste-t-il auprès de l'AFP, tout en appelant à la patience.
Comme pour Arthur Fils, "on ne va pas juger les mecs à 20 ans, il faut leur laisser le temps."
Mpetshi Perricard l'a concédé après sa victoire: "Il va falloir que je bosse sur plein d'autres domaines en dehors de mon service."
"Ça va être des heures d'entraînement" pour essayer d'améliorer "ma qualité de balle, le fait de jouer plus long, de manœuvrer l'échange avec mon coup droit et mon revers", a anticipé le 31e mondial.
"Je pense que ça va le faire. Je suis un joueur en développement" et son entraîneur Emmanuel Planque "fait du très bon boulot", s'est-il rassuré.
Par Damien GAUDISSART / Paris (AFP) / © 2024 AFP