Il n'y aura pas eu de bouquet final bleu-blanc-rouge: le N.3 mondial Alexander Zverev a privé Ugo Humbert (18e) et Bercy d'un sacre français dimanche pour les adieux du Masters 1000 de Paris à la salle qui a forgé son histoire.
Humbert (26 ans) s'est heurté à la version impitoyable de Zverev pour la première finale de sa carrière en Masters 1000, la catégorie de tournois la plus prestigieuse après les quatre Grand Chelem : le grand Allemand aux biceps saillants a fusé en 75 minutes sur un double 6-2 vers son septième titre en Masters 1000, son deuxième en 2024 après Rome.
"Ça restera un souvenir incroyable d'avoir été en finale du tournoi mythique de Bercy. Je voulais vivre ce dernier Bercy intensément, c'est ce qui s'est passé", positive le N.1 français. "C'était une belle semaine, malgré la défaite aujourd'hui (dimanche)."
"C'est une page qui se tourne ici. J'y suis venu petit, ça m'a donné envie de faire ce que je fais aujourd'hui, je suis déjà très heureux d'avoir participé à cette finale", poursuit-il.
Clin d'oeil de l'histoire: on retiendra peut-être que les premier et dernier vainqueurs dans la salle parisienne sont Allemands. La première page a été écrite par Boris Becker en 1986, la dernière l'est par Zverev.
- Quatre décennies -
Bercy la vibrante, coutumière des ambiances électriques, rêvait forcément de refermer ses presque quatre décennies d'histoire tennistique en apothéose. Et Humbert le Messin de la faire chavirer, une toute dernière fois, au bout d'une semaine de rêve dans ce qu'il a qualifié de "deuxième maison".
Mais elle ne connaîtra pas de successeur français aux trois qu'elle a vu triompher en 39 éditions : Guy Forget en 1991, Sébastien Grosjean en 2001 et Jo-Wilfried Tsonga en 2008, il y a seize ans.
Dès 2025, le tournoi parisien, trop à l'étroit dans sa configuration actuelle pour répondre aux exigences grandissantes du circuit pro, traversera la capitale française d'est en ouest pour prendre ses quartiers à La Défense Arena de Nanterre, dans la plus grande salle polyvalente d'Europe.
Le tennis français, qui court depuis plus de dix ans après un sacre en Masters 1000, doit patienter encore. Le dernier en date, remporté par Tsonga au Canada, remonte à l'été 2014.
Sous les yeux d'Antoine Dupont, Florent Manaudou, Robert Pirès ou encore Gianluigi Donnarumma, la finale entre Zverev et Humbert - qui a révélé avoir "joué sous anti-inflammatoires toute la semaine", dos douloureux - a été à sens unique.
Puissance redoutable au service, longueur diabolique à l'échange, à l'aise physiquement dans ses déplacements - au contraire de Humbert -, le double lauréat du Masters de fin d'année a breaké dès le quatrième jeu, pour s'échapper 3 jeux à 1.
- Zverev rêve en plus grand -
En remportant huit des neuf jeux entre 2-1 dans le premier set et 4-0 dans le second, Zverev menait déjà 6-2, 4-0 au bout d'une heure pile.
Un quart d'heure plus tard, il s'agenouillait sur le court, prêt à soulever le trophée du tournoi, l'Arbre de Fanti, et certain de déloger Alcaraz de la deuxième place mondiale lundi pour égaler le meilleur classement de sa carrière.
Mais Zverev voit beaucoup plus grand. "Je suis assis à côté du trophée d'un Masters 1000, c'est extrêmement satisfaisant, mais je veux encore améliorer des choses pour atteindre mes objectifs vraiment ambitieux", comprenez un titre du Grand Chelem et le trône de N.1 mondial.
Même battu, Humbert va lui grimper du 18e au 14e rang mondial lundi, tout près de son meilleur classement (13e).
Tour après tour jusqu'à la finale, le longiligne gaucher à la casquette à l'envers aura fait frissonner Bercy, qui vivait ses dernières émotions tennistiques. D'abord en étant un des cinq joueurs français qualifiés pour les huitièmes de finale, record du tournoi parisien égalé. Puis en y faisant tomber le N.2 mondial Carlos Alcaraz. Enfin en s'invitant successivement, pour la première fois, dans le dernier carré, puis en finale en Masters 1000.
Finaliste malheureux à Roland-Garros au printemps, battu par Alcaraz en cinq sets, Zverev avait à coeur de "ne pas en perdre une autre" à Paris. Le voilà exaucé: à Bercy, c'est lui qui a eu le mot de la fin.
Par Elodie SOINARD, Damien GAUDISSART / Paris (AFP) / © 2024 AFP