Dans le sud de l'Océan Indien, les skippers du 10e Vendée Globe vont avancer pendant plusieurs semaines avec un "mur" virtuel à tribord: une zone d’exclusion antarctique (ZEA), mise en place en 2016 qui sert à diminuer les risques de collision avec les icebergs.
Qu'est-ce que la zone d’exclusion antarctique (ZEA) ?
La zone d’exclusion antarctique est une zone maritime définie par l'organisation du Vendée Globe que les skippers doivent éviter sous peine d'écoper d'une pénalité pouvant aller jusqu'à la disqualification.
Elle se matérialise par une limite virtuelle au nord de l'Antarctique, tracée par 72 points GPS et destinée à tenir éloignés les voiliers des dangers des glaces dérivantes.
Le navigateur Jean-Pierre Dick avait accidentellement dépassé cette limite en 2016 lors de son tour du monde. Il avait dû revenir sur son chemin et ressortir à l'endroit où il était rentré dans la ZEA pour rectifier son erreur, ce qui lui avait fait perdre huit heures.
Pourquoi a-t-elle été mise en place ?
Elle a été instaurée pour préserver la sécurité des navigateurs. En 2004, le skipper Sébastien Josse a été victime d'une collision avec un iceberg en plein Vendée Globe, endommageant son safran. Il a ensuite abandonné.
Avec la fonte des glaces, de nombreux blocs se détachent de la banquise antarctique, ces blocs pouvant eux-mêmes se séparer en plus petits morceaux appelés "growlers", de l'ordre du mètre cube et pouvant dériver à un kilomètre par heure en moyenne.
Dans les mers du Sud, souvent agitée, et alors que les skippers passent la majorité de leur temps à l'intérieur du bateau, un choc peut s'avérer très dangereux pour les marins et leurs montures.
Comment est-elle délimitée ?
Pour le Vendée Globe, la société française CLS, spécialisée en océanographie spatiale et basée à Toulouse, surveille la glace depuis l'espace. Plusieurs satellites fournissent à ses employés des données permettant de mailler l'océan Austral.
A chaque Vendée Globe, des centaines d'images radars analysées permettent de déterminer la présence d'éventuels icebergs sur la route des navigateurs.
Mise en place pour la première fois en 2016, cette ligne rouge peut évoluer au fur et à mesure de la progression des skippers mais uniquement à l'avant du premier.
Quelles sont les conséquences pour les coureurs ?
Lors de leur tour du monde, les skippers restent attentifs en permanence pour ne pas pénétrer dans la zone, ce qui est parfois susceptible de rallonger le parcours.
"On ne peut pas passer au sud de la zone des glaces. Selon les systèmes météos qui se présentent devant nous, il faut parfois mieux ralentir pour laisser passer une dépression par exemple ou contourner par le nord, ce qui peut faire perdre beaucoup de temps", détaille le navigateur Paul Meilhat (Biotherm).
Sa nature évolutive force aussi les skippers à s'adapter au dernier moment. Mardi 26 novembre, la direction de course a décidé de réduire la ZEA d'environ 100 milles ce qui a permis à certains marins de tête d'exploiter des dépressions circulant très au sud.
"Cela ouvre le terrain de jeu. C’est bien. On aime aller le plus Sud dans cet endroit du monde. Le début de l’Indien ne nous oblige pas à y aller mais j’aime bien avoir de la place", explique Sam Goodchild (Vulnerable).
AFP / Paris (AFP) / © 2024 AFP