Une nouvelle aventure a débuté pour la Britannique Pip Hare qui faisait route lundi matin sous gréement de fortune vers l’Australie, après le démâtage dans les mers du Sud de son voilier Medallia qui l’a contrainte à abandonner le Vendée Globe.
Le démâtage a eu lieu à 22H45 heures françaises dimanche (21H45 GMT), alors qu'elle se trouvait en 15e position de la course. Les causes de cette avarie majeure, premier démâtage de la 10e édition du Vendée Globe, ne sont pas encore connues.
"Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. (Après une vague) Medallia a atterri et à ce moment là, le mât s'est effondré", a expliqué Pip Hare, lors d'une vidéo diffusée en fin de matinée par la course.
"Ce n'est pas une bonne nouvelle (...) C'est la fin de notre aventure sur ce Vendée Globe 2024", a-t-elle ajouté, émue aux larmes, assurant qu'elle était en bonne santé et que le reste du bateau avait été épargné.
"Elle fait route vers l'Australie et n'a pas demandé d'assistance" à ce stade, a précisé lundi la direction de course dans un message transmis à l'AFP.
Très expérimentée, la navigatrice de 50 ans a rapidement réussi à assembler un gréement de fortune pour rallier la terre, à environ 800 milles nautiques (près de 1.500 km) de sa position lundi.
- "Un vent hyper instable" -
La navigatrice se trouvait au moment de l'avarie à une centaine de milles seulement de l'un de ses concurrents, Romain Attanasio (Fortinet - Best Western), qui a expliqué lundi à l'AFP ne pas avoir été sollicité par le direction de course pour aller l'aider.
"J'ai appelé la course pour proposer mon aide, mais sa coque n'est pas endommagée et elle n'est pas blessée", a rassuré Attanasio, 47 ans, lui-même victime d'un démâtage lors d'une autre course quelques semaines avant le Vendée Globe.
"J'ai échangé avec elle par messagerie et je lui ai dit que j'étais triste. Elle m'a répondu qu'elle allait pleurer pour quelques mois... Cela m'a mis un coup et je navigue avec 3 noeuds de moins ce matin", a-t-il ajouté.
Les deux marins filent depuis un peu plus de 24 heures dans une zone dépressionnaire où "il y a un vent hyper instable, la mer est dégueulasse et beaucoup de grains", a raconté Attanasio.
"Elle était un peu plus au sud que moi, dans une zone un poil moins ventée. Soit elle a pris un grain, soit il y a un truc qui a cassé", a-t-il tenté d'expliquer avant de regretter : "j'espérais la battre, mais pas dans ces conditions".
Sur le Vendée Globe 2008, le navigateur Loïck Peyron avait lui aussi démâté en plein océan Indien, à 2.600 milles de l'Australie. A bord du Gitana Eighty, il avait atteint la terre ferme sain et sauf après des semaines de navigation sous gréement de fortune.
- Flotte malmenée -
Pip Hare, 19e à l'issue de la course en 2021, était elle attendue d'ici une grosse semaine sur les côtes australiennes. Il s'agit du 3e abandon de cette 10e édition après Maxime Sorel (V and B - Monbana - Mayenne) et Louis Burton (Bureau Vallée).
Relativement épargnée par les conditions météorologiques lors de la descente de l'Atlantique, la flotte du Vendée Globe est malmenée depuis plus d'une dizaine de jours par des conditions difficiles dans l'océan Indien.
Dans un vent fort et une mer importante vendredi, le skipper Damien Seguin (Apicil) a découvert un trou dans la coque de son bateau avant d'être ejecté par une vague, se blessant au visage et au cou.
Après une grosse tempête au large de Bonne Espérance, l'aventurier Guirec Soudée (Freelance.com) a enchaîné les pépins techniques et a été obligé de s'abriter aux Kerguelen pour réparer avant de repartir dans 60 noeuds de vent.
Et même à l'avant de la flotte, le tenace Sébastien Simon (Groupe Dubrueil), 3e lundi et désormais dans l'océan Pacifique, a fait état il y a un peu plus d'une semaine de la rupture de son foil tribord, alors qu'il se trouvait lui aussi au sud de l'Australie.
AFP / Paris (AFP) / © 2024 AFP