Quatre ans de prison - dont deux ferme -, 100 000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate : rendu par le tribunal correctionnel de Paris, ce verdict semble sceller l'avenir politique de celle qui, arrivée à deux reprises au second tour de l'élection présidentielle en 2017 et en 2022, ambitionnait de se présenter pour le scrutin de 2027. Dès lors, un sondage Ifop-Fiducial pour Sud Radio analyse "Le regard des Français sur Marine Le Pen à la suite de sa condamnation".
Inéligibilité : malgré la procédure d'appel en accéléré, plus d'un Français sur 2 estime que la cheffe de file du RN ne pourra pas être candidate en 2027
"Un cercle absolument vicieux", "un coup à la démocratie" : par la voix de son avocat Me Rodolphe Bosselut, Marine Le Pen a annoncé faire appel du jugement en première instance. Une décision qui ne suspend pas la peine d'inéligibilité et qui se ressent, de fait, auprès des Français. Fin février, bien avant la décision du tribunal correctionnel de Paris, plus d'un Français sur dix (74%) estimaient que la cheffe de file du RN pourrait briguer une troisième élection présidentielle.
Or, au lendemain du verdict, la donne s'est radicalement inversée. Désormais, seuls 37% des Français considèrent que la députée du Pas-de-Calais pourra se présenter à la prochaine présidentielle en France. Parmi ceux qui ne croient pas à une troisième candidature de Marine Le Pen, plus de 76% d'entre eux ont entre 18 et 24 ans, de même que 70% des sondés s'étant prononcé en faveur du "NON" sont considérés comme inactifs, hors retraités.
Malhonnêteté, inquiétude, positionnement à l'extrême droite : des traits largement appliqués à Marine Le Pen depuis sa condamnation
Lors de la lecture du verdict, le tribunal correctionnel de Paris a estimé qu'entre 2004 et 2016, "environ 2,9 millions d'euros de fonds [publics européens avaient] été détournés" par le FN au total. Des "pratiques autorisées" directement par Marine Le Pen, au coeur du "système depuis 2009", ont argumenté les trois magistrats en charge de l'affaire. De plus, l'absence de "prise de conscience" des accusés a été grandement prise en compte dans la décision finale, débouchant notamment sur la peine d'inéligibilité avec exécution immédiate pour la cheffe de file du RN.
Des éléments qui portent atteinte à l'image de Marine Le Pen auprès des Français, puisqu'à l'heure actuelle, plus d'un Français sur 2 (55%) se dit "inquiet" face à la personnalité de l'élue du Pas-de-Calais. 51% des Français sondés estiment même que Marine Le Pen représente "mal" la "stature d'une présidente de la République". Par ailleurs, son capital sympathie se maintient sur un équilibre fragile puisqu'aujourd'hui, la députée RN apparaît "sympathique" pour à peine quatre Français sur dix (49%).
En outre, depuis sa condamnation, Marine Le Pen peine à s'imposer comme une personnalité "honnête". En effet, pour l'heure, six Français sur dix (60%) estiment que l'honnêteté s'applique "mal" à l'élue du Pas-de-Calais. Parmi eux, près de sept sondés sur dix (67%) n'entretiennent aucune proximité politique avec un parti existant. D'autre part, plus de sept partisans des Républicains sur dix (73%), ainsi que 82% des sympathisants de Renaissance, jugent la députée RN malhonnête. En ce qui concerne la gauche, les Français sondés proches du Parti socialiste sont légèrement plus sévères à l'égard de Marine Le Pen (85%), que les interrogés proches de La France insoumise (78%).