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Affaire Bétharram : Pourquoi le système de contrôle des établissements catholiques privés est-il défaillant ?

Par Antonin Durand

Depuis l’éclatement de l’affaire Bétharram, certaines défaillances concernant les internats catholiques sous contrat avec l’État sont au cœur de toutes les interrogations. Une des défaillances est particulièrement mise en avant : le manque de contrôles.

Betharam affair, image of the school on March 17, 2025. The day when inspectors from the Bordeaux education authority conducted an inspection of the Bearn middle school, where the scandal of violence against children in private Catholic schools began. Affaire Betharram, image du college le 17 mars 2025. Jour ou les inspecteurs du rectorat de Bordeaux menentune operation de controle visant le college-lycee bearnais, d’ou est parti le scandale des violences contre les enfants dans les etablissements prives catholiques. (Photo by Quentin Top / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Le 18 mars 2025, la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire ouvre un nouveau chapitre dans le sillage de l’affaire de Bétharram. Deux députés, Violette Spillebout (Renaissance) et Paul Vannier (LFI), passent plusieurs heures dans les archives de l’établissement. Au cours de leurs investigations, les députés mettent en évidence des faits de violences sexuelles commises au sein de l’école, certains remontant à février 2024. Des faits récents, et une révélation tardive qui met surtout en valeur les défaillances du système des contrôles. C’est précisément cet aspect que la commission cherche à explorer.

“Une absence de contrôle depuis 1996”

Alain Esquerre, ancien élève de l’établissement et fondateur du collectif des victimes de Bétharram, sera entendu à Paris par Élisabeth Borne et la commission, ce jeudi 20 Mars. Il souligne au micro de Christine Bouillot pour Sud Radio les dysfonctionnements d’un système : “On n'a pas de contrôle depuis 1996. Quelle institution de l'État, qui reçoit des subventions d'une façon importante, n'est pas auditée tous les 4-5 ans ?” Avant de préciser que le cas de l’établissement du Béarn n’est peut-être pas un cas isolé : “on les a autorisés (établissement catholique privé)  sur le territoire national, et on verra que ce n'est pas qu'à Bétharram”. Cette absence de contrôle reflète une gestion négligée des internats religieux de la part de l'État. Cette situation interpelle d’autant plus qu’il s’agit d’établissements bénéficiant, en partie, de fonds publics, souvent à hauteur de plusieurs millions d’euros.

L'interdiction d’admission pour les enfants de moins de 14 ans, une vraie solution ?

Comment régler le problème ? C’est la question à laquelle la commission va tenter de répondre. Et face à cette situation, le rétablissement d’audits pour les établissements de ce genre ne peut pas être mis de côté. Alain Esquerre y va lui aussi de sa proposition : “Je vais proposer à Elisabeth Borne la création d’un office national de prévention et de contrôle des établissements, constitué par les victimes et en accord avec l’Éducation nationale.” Cet organisme aurait pour mission de vérifier le fonctionnement des internats, de garantir la sécurité des élèves ainsi que de prévenir les violences. Une idée qui résonne fortement dans le contexte actuel, où chaque nouvelle révélation accentue le sentiment d’un scandale systémique.

Une autre des solutions évoquées concerne l’âge des élèves. 98 % des agressions sexuelles qui ont eu lieu au sein de l’établissement catholique concernent des enfants de moins de 13 ans. Selon Alain Esquerre, l’âge d’admission des élèves dans ce type d’établissement doit être pris en compte. À ce sujet, il entend proposer à Élisabeth Borne des mesures précises : “Je vais lui proposer d’interdire définitivement l’admission des enfants de moins de 14 ans.” Une révolution, puisque de nombreux internats accueillent des enfants dès la primaire.

Alors que la commission d’enquête parlementaire entame ses travaux, il est urgent pour les victimes et leurs proches d’aborder les dysfonctionnements systémiques avec des réformes concrètes. Pour Alain Esquerre et son collectif, il est impératif qu’une refonte complète du système de contrôle ait lieu, mais pas seulement à Bétharram : “Il est temps d’agir sur l’ensemble du territoire national.”. Le cas Bétharram illustre de façon criante les conséquences d’un manque de régulation et de surveillance des établissements catholiques privés. Si des audits réguliers avaient été mis en place, Alain Esquerre ne doute pas que des drames auraient pu être évités.

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