Mener un combat contre l’administration. Tant les embûches sont nombreuses, beaucoup s’y reprendraient à deux fois avant de s’y lancer. Ce n’est pas le cas d’Antony Smith, un inspecteur du travail qui explique dans son dernier livre, 918 jours, édité chez Arcane 17, comment l’administration française a tenté de l’ostraciser.
L’Etat dans sa toute puissance
En 2020, durant le premier confinement, Antony Smith, inspecteur du travail et syndicaliste, contrôle une énième entreprise, à Reims. C’est son métier. Cette société est une association d’aides à domicile. Il effectue un signalement pour mise en danger des salariées, qui effectuent alors, en pleine pandémie, leur travail sans la moindre protection. Une interpellation publique qui a finalement abouti à une mise à pied pour Antony Smith. Puis à une suspension du fonctionnaire, ayant osé remettre en cause la stratégie sanitaire de l’Etat.
"Je tente de faire mon travail d’inspecteur. 90% de ce boulot, c’est du conseil. C’est d’essayer d’avancer pour faire appliquer le droit. Mais cela ne fonctionne pas. Alors je saisis un juge indépendant pour lui demander d’ordonner des mesures de protection de la santé pour ces salariés. Je vais alors me heurter à l’Etat, dans toute sa puissance" explique-t-il sur Sud Radio.
Inspection du travail : "je m’attendais à être protégé"
Une histoire qu’il relate dans son livre, 918 jours, édité chez Arcane 17. Selon le règlement de l’Organisation Internationale du Travail, les inspecteurs sont indépendants. Une histoire qui montre qu’en France, ce n’est pas le cas. "Je pensais faire mon travail de la manière la plus sereine, et je vais subir des pressions institutionnelles ultimes, notamment de mon ministère, alors même que les inspecteurs sont protégés par un texte international. J’ai donc lancé l’alerte auprès de l’Autorité centrale, pour expliquer les pressions subies. Je m’attendais à être protégé. C’est tout l’inverse. J’ai été suspendu à effet immédiat de mes fonctions d’inspecteur du travail" ajoute-t-il.
En 10 ans, on est passé en France de plus de 2.200 à 1.700 inspecteurs. "Je suis responsable syndical au ministère. La réalité de l’inspection du travail, c’est d’avoir été détruite, détricotée, de la même façon que le code du Travail ces dernières années. Au moment où nous nous parlons, il y a un quart des secteurs de contrôle géographiques en France qui ne sont pas couverts par un inspecteur titulaire. C’est autant de zones de non droit du travail sur l’ensemble du territoire. C’est dramatique" conclut-il sur Sud Radio
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !