"C'est un jour historique pour l'ESA et pour l'Europe", a salué le directeur général de l'agence spatiale européenne (ESA) Joseph Aschbacher, après 10 ans de développement pour construire ce lanceur, soit quatre ans de plus que prévu. C'est une Ariane 6, dans sa version à 2 boosters, qui a été utilisée pour ce premier vol du lanceur lourd européen et qui prend la relève d'Ariane 5. Sa mise en service permettra à l'Europe de retrouver un accès autonome à l'espace, accès perdu à la suite du retrait trop précoce d’Ariane 5 et des retards dans le développement d’Ariane 6, la fin de l'utilisation du Soyouz depuis Kourou ainsi que les problèmes de fiabilité de Vega.
Est-ce un véritable succès ?
Oui, un succès total, même si les esprits chagrins vous diront qu’un problème a entaché ce succès total, un problème technique sur l’APU, le générateur de puissance auxiliaire de l’étage supérieur, rencontré à la fin de la mission lors de la phase de démonstration en orbite. Il s’est éteint prématurément pendant un rallumage et n’a pas permis au moteur Vinci de se rallumer pour aller se désorbiter et libérer ses deux dernières charges utiles, comme c’était prévu. Mais pas de quoi enlever le sourire sur les visages à l’ESA, confirmant que la mission reste un franc succès.
Et maintenant quel est l’avenir d’Ariane 6 ?
Deux autres vols sont d'ores et déjà prévus cette année, six la suivante et huit en 2026. À terme, l'objectif est de procéder de 9 à 10 lancements par an. Pour remplir son carnet de commandes, Arianespace mise sur la grande flexibilité du lanceur et son coût réduit par rapport à sa grande sœur Ariane 5. La demande est forte, aime-t-on rappeler à Kourou. Une trentaine de vols ont déjà été réservés sur Ariane 6. Un record pour un lanceur qui n'avait pas encore volé. Ce lancement ouvre de nouvelles perspectives pour le spatial européen mais aussi pour le Centre spatial guyanais, qui vise toujours un objectif de 30 lancements par an d'ici 2030. À la nouvelle Ariane s'ajoute un dernier tir du lanceur léger Vega classique, avant que son successeur Vega-C, qui a connu plusieurs incidents dont un échec lors de son premier vol commercial en décembre 2022, ne prenne le relais en octobre prochain. Avec Ariane 6 et Vega-C, l’Europe est bien de retour sur le marché des lanceurs modernes.
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