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Benjamin Morel : "l’électorat macroniste est démobilisé"

Par Jean-Baptiste Giraud

Dans quel état le camp d'Emmanuel Macron affronte-t-il les élections européennes ? Pour en parler, Benjamin Morel, politologue et maître de conférences en droit public, était l’invitée d’Alexis Poulin vendredi 7 juin 2024 sur Sud Radio.

Benjamin Morel
Benjamin Morel, invité d’Alexis Poulin dans "Poulin sans réserve” sur Sud Radio.

Lors d’une interview télévisée le 6 juin 2024, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait livrer des avions de chasse Mirage 2000-5 à l'Ukraine d’ici fin 2024. Pourquoi une annonce aussi tardive et aussi concrète ?

Benjamin Morel : "l’électorat d’Emmanuel Macron est un électorat qui n’a pas envie d’aller voter"

"Le problème pour Emmanuel Macron, c’est qu’il y a une conjonction de différents agendas : l’agenda extérieur (qui dicte d’entretenir un flou) et un agenda interne (qui demande des annonces). Souvenez-vous, quand il parlait de l’envoi de troupes en Ukraine : Berlin était hérissé parce qu’on ne l’avait pas prévenu qu’on allait entrer dans la Troisième guerre mondiale. Conjoindre les deux, c’est fondamentalement contre-productif. Du point de vue extérieur, cela décrédibilise totalement notre parole. Et du point de vue intérieur, l’effet drapeau se fait attendre", a expliqué Benjamin Morel.

Les élections européennes auront lieu ce 9 juin 2024. Qu’est-ce qui se passe d’un point de vue électoral pour le camp d’Emmanuel Macron ? "L’électorat marconiste est démobilisé, il n’est pas là. Alors que c’est un électoral qui doit être là lors des élections intermédiaires. C’est un électorat de retraités et CSP+, qui n’a pas envie d’aller voter. Si vous voulez le mobiliser, il faut rendre les enjeux extrêmement importants, il faut lui expliquer qu’il y a quelques mois c’était Munich 1938 et que maintenant c’est D-Day. En espérant que dimanche matin il se dise : 'il faut quand même aller voter, sinon le pays retomberait sous l’occupation'", a répondu Benjamin Morel.

"Lors des européennes, vous pouvez capitaliser sur un nom qui existe déjà"

Le calcul du camp d’Emmanuel Macron a-t-il été mauvais pour cette campagne des européennes ? "La campagne des européennes a beaucoup d’absentions, elle passe généralement sous les radars. Vous ne vous faites pas un nom pendant une campagne pour les européennes. En revanche, vous pouvez capitaliser sur un nom qui existe déjà. On envoie Valérie Hayer : personne ne la connaît, il n’y a pas de teasing sur son nom, elle n’est pas connue en amont… Évidemment, ça ne va pas bien se passer. En revanche, on a envoyé Gabriel Attal dès janvier 2024, on sait qu’il plaît à l’électorat macronien.

On sait également que l’électorat de 2022 n'a pas voté Renaissance, il a voté Emmanuel Macron. Le parti politique, ça n’existe pas pour l’électorat. Donc, pour ramener cet électorat aux urnes, il faut lui donner du Macron, il faut lui donner un peu d’Attal, la tête de liste n’a que peu d’importance", a fait savoir Benjamin Morel.

Cliquez ici pour écouter l’invité d’Alexis Poulin dans son intégralité en podcast.

Retrouvez l’invité d’Alexis Poulin chaque vendredi à 13h dans “Poulin sans réserve” sur Sud Radio.

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