La Banque centrale européenne (BCE) a dévoilé son projet d’euro numérique. Comment cela fonctionne ? Quel est le but de cette initiative ? Réponse avec Yann Le Floch, ancien banquier et entrepreneur dans les monnaies digitales.
Monnaie numérique : une technologie pour quel type d’usage ?
Sommes-nous à l'aube d'un tournant monétaire ? En avons-nous peur ? Car un récent sondage de l’IFOP dévoilait que 79% des Français sont toujours attachés aux espèces, et que 84% de nos concitoyens estiment que si les espèces disparaissaient, ils se sentiraient davantage contrôlés. Toutefois, dans ce contexte, la Banque centrale européenne (BCE) a dévoilé son projet d’euro numérique. "Le questionnement que l’on a tous, c’est le pourquoi de ce type de technologie et d’usage. Dans ces initiatives, il y a une volonté de créer des wallets, des portefeuilles indépendants des banques, et qui pourront recevoir des unités de paiement pour l’usage des citoyens, des entreprises, ou d’autres types d’acteurs" explique Yann Le Floch, ancien banquier et spécialiste des monnaies digitales.
Toutefois, se pose la question du contrôle et de nos données. "On a vu avec RGPD que l’on pouvait faire ce que l’on voulait de nos données. Sur les données de paiement bancaire, on sait qu’il y a une visibilité très forte sur nos dépenses par carte bleue. Par ailleurs, nous n’avons aucune garantie sur la monnaie numérique. Car cela dépend des technologies qui sont utilisées, mais aussi de la volonté politique au sens noble du terme. C’est un vrai sujet qui doit être mis en avant et traité politiquement avec le meilleur des égards" ajoute l’ancien banquier.
Un changement monétaire, pour le meilleur ou pour le pire
Cette idée de monnaie numérique ne germe pas seulement qu’en Europe. Car en Chine également, elle fait l’objet d’une initiative, politique pour le coup. La société est-elle en train de changer ? "Elle peut changer, pour le meilleur et pour le pire. Et les citoyens le sentent. L’historique de ces monnaies numériques, c’est le bitcoin. On est entré dans une phase qui autorise à parler de numérique pour la monnaie. Car cette technologie permet de protéger les citoyens, de les tracer, mais aussi de créer du cash institutionnel privé. Pourquoi ces sujets essentiels ne sont pas politisés ? Il y a un vrai questionnement de ce point de vue-là" lance encore Yann Le Floch.
Si bien que ce dernier explique qu’en fonction de leurs intérêts, certains acteurs auraient aujourd’hui tendance à freiner l’essor des monnaies numériques. D’autres à l’accélérer. A l’image de BlackRock aux Etats-Unis qui est en train de lancer son propre ETF. "Via la monnaie numérique, on peut associer les valeurs que l’on souhaite, ce qui fait que l’économie fonctionnera d’une manière ou d’une autre. Nous avons des technologies qui permettent de faire tout et son contraire. Il faut être extrêmement vigilant" conclut-il.
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