single.php

Budget : "Il faut surveiller le chiffre de 5,4% de déficit comme le lait sur le feu" affirme Pierre Moscovici

Par Aurélie Giraud

Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Pierre Moscovici Budget
Pierre Moscovici, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 7 février 2025, dans “L’invité politique”.

Adoption du budget 2025, déficit public, projection de croissance : Pierre Moscovici a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Il était urgent que la France ait un budget"

La France a désormais un budget pour 2025. Pour Pierre Moscovici, "c'était urgent, car ça crée une situation de grande incertitude sur les marchés, en Europe et pour les agents économiques. Il y avait une sorte de retenue sur l'activité économique, qu'il y a encore d'ailleurs, alors qu'on en a besoin. Et les services publics étaient aussi dans l'attente, même s'ils n'étaient pas interrompus, grâce à la loi spéciale". "Ce budget était urgent pour rassurer, pour faire fonctionner l'État, les collectivités locales et la Sécurité sociale".

Le ministre de l'Économie parle de textes de redressement financier. "La situation des finances publiques françaises reste très préoccupante" affirme Pierre Moscovici. "Nous avons aujourd'hui un déficit de 6,1% du PIB, soit 180 milliards d'euros. C'est plus du double de ce que nous devons théoriquement faire, 3% du PIB". Et "c'est près du double de la moitié de l'Union européenne. C'est la troisième en Europe derrière la Grèce et l'Italie". "Nous remboursons chaque année 60 milliards d'euros pour cette dette. C'est beaucoup trop. C'est désormais le deuxième budget de l'État devant la Défense nationale, bientôt le premier derrière l'Education nationale".

"Il faut surveiller le chiffre de 5,4% de déficit comme le lait sur le feu"

Le budget vise un déficit public à 5,4%. "Nous appartenons à la zone euro, nous nous sommes engagés à réduire progressivement le défit" rappelle Pierre Moscovici. "La plupart des PIB de la zone euro sont en dessous de 3%, nous nous sommes engagés à le faire d'ici 2029. Pour respecter cette trajectoire, il faut que le déficit baisse substantiellement pendant 5 années consécutives. Donc passer de 6,1% à 5,4%, c'est le début d'une trajectoire". "C'est plus que ce qui était prévu par Michel Barnier à 5%. C'est le minimum qu'il fallait faire et je reste vigilant comme gardien de la vérité des comptes publics en France".

"Il faut vraiment que les 5,4 soient tenus et pas seulement votés" insiste Pierre Moscovici. "Ce que je souhaite qu'on exclue, c'est de faire en fin d'année à nouveau 0,2, 0,3, ou 0,4 point de dérapage. Parce que là, pour le coup, on perd notre trajectoire". Et "qui perd sa trajectoire perd sa crédibilité". "Si nous ne tenons pas nos objectifs budgétaires, le risque est qu'il y ait une prime de risque. C'est-à-dire que les taux d'intérêt augmentent". "Donc il faut surveiller le chiffre de 5,4 comme le lait sur le feu".

"0,9% de croissance, c'est légèrement élevé, mais c'est atteignable"

Le gouvernement prévoyait 4,6% de déficit pour 2026 mais il parle déjà plutôt de 4,8 ou 4,9%. "C'est la première fois dans l'histoire de la Ve République qu'un budget pour l'année en cours est adopté en février" tient à souligner Pierre Moscovici. "À l'automne, dans quelques mois, on va commencer l'examen du projet de loi pour 2026". "Je ne prends pas le chiffre de 4,8, ou 4,9% pour argent comptant" affirme le Premier président de la Cour des comptes. "J'attends de voir ce qui se passera à ce moment-là. Il faut absolument rester sur la trajectoire des 3%". "Attention à ne pas dire on va faire tous les efforts en fin de période, parce que si on fait comme ça, on ne nous croira pas. Parce qu'on ne le fait pas en général".

Le gouvernement prévoit par ailleurs une croissance à 0,9% en 2025. Pour Pierre Moscovici, "le Haut Conseil des Finances publiques que je préside dit que c'est atteignable. Il est un peu plus élevé que la moyenne des prévisions en la matière, qui est plutôt à 0,7%. Il n'est pas impossible, quand la prévision est à 0,7, d'avoir sinon des bonnes surprises, du moins un regain d'activité". "0,7 ou 0,9, c'est encore l'épaisseur du trait. Donc à l'heure où je vous parle, c'est légèrement élevé, mais c'est atteignable".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

Cliquez ici pour écouter "L’invité politique"
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

L'info en continu
11H
10H
09H
08H
07H
23H
21H
Revenir
au direct

À Suivre
/