La crèche française a connu de meilleurs jours. Repas insuffisants, couches rationnées et logique de rentabilité extrême : deux enquêtes pointent les dérives des crèches privées. Par endroits, des enfants et des professionnels en grande souffrance. Un mal qui touche également les structures municipales où la plupart des problèmes sont liés au manque d’effectifs. Une pénurie avec des répercussions sur les conditions d'accueil des enfants. C'est notamment le cas à Marseille, où certaines crèches ont de sérieux problèmes d'hygiène.
Maltraitance institutionnelle
Les parents sont souvent prévenus à la dernière minute avec cette mauvaise nouvelle : ils devront garder leurs enfants. Le manque de personnel engendre des fermetures et des problèmes difficilement supportables pour Marie-Ange Darbas, de la CGT des crèches municipales marseillaises. "De fait, il y a une maltraitance institutionnelle parce qu'aujourd'hui quand vous contournez un enfant parce que vous n'avez pas le temps de vous arrêter sur lui, de vous pencher sur lui, quand vous ne prenez pas le temps de faire manger un enfant correctement et quand vous ne répondez pas aux besoin affectifs, vous faites de la maltraitance. Aujourd'hui, les enfants sont maltraités dans les institutions".
"Le premier pénalisé, c'est l'enfant"
"L’urgence est de rendre nos métiers beaucoup plus attractifs" prévient de son côté Muriel Schneder, directrice d’une crèche des quartiers sud. "Il manque du personnel mais surtout du personnel qualifié. Ici, il nous manque 2 postes d'auxiliaires. Tous ces métiers du soin et du social sont vraiment les métiers en bas de l'échelle. Ils sont à peine payés au SMIC. Et le premier pénalisé, c'est l'enfant".
"Des cadavres de rats dans le linge des enfants"
Dans certaines structures, les enfants doivent cohabiter avec les cafards et les rats. Valérie travaille dans cette crèche du 9ème arrondissement de Marseille : "Depuis 3 ans maintenant, tous les matins on se retrouve avec un petit monticule d'excréments de rats, des cadavres de rats dans le linge des enfants. Mais une directrice m'a dit que ce n'était pas grave car à Marseille, on a l'habitude de travailler aves les rats, ça va être comme ça".
"Malgré des budgets toujours plus serrés, nous n’en sommes pas à compter les couches ou rationner la nourriture" concluent ces professionnels des crèches publiques de Marseille.
Enquête de Lionel Maillet