Céline Pina revient sur l'accord conclu pour la création du "Nouveau Front populaire".
Qu’à droite comme à gauche, chacun avait ses vaudevilles. Il faut reconnaitre que le second devrait
s’avérer plus performant électoralement que le premier. Tout d’abord revenons sur la comédie en
mode risque de rupture de l’union de la gauche qui a occupé une partie de la journée. C’est le
déroulé normal de ce type de négociation. Cette dramatisation a pour but de faire avaler les
concessions accordées. Surtout si l’un des partenaires est plumé. Les compromissions deviennent
compromis acceptables quand ils sont érigés en sacrifice pour l’union.
Vous avez une vision cynique de la politique ?
Au contraire, elle est plutôt élevée, mais là, la ficelle était un peu grosse. Un ancien habitué de ces
tractations me disait : « la gauche n’a pas les moyens de s’offrir un cas de conscience, une morale et
même des lignes rouges. Elle doit sauver ses postes, si elle est laminée, certains partis peuvent
disparaitre alors que s’ils sont unis, quoi qu’il se passe, il y aura un gain. C’est existentiel et sans
risque, tous les sondages le montrent. Et de toute façon tout le monde sait qu’on ne bâtit pas un
projet en 24.00 ; on fait juste semblant »
Vous dites que la gauche n’a pas les moyens de s’offrir un cas de conscience. Rappelez-nous ce qui
a achoppé dans les négociations ?
Oh rien que dis-je, une paille, une poussière, un souffle de pollen… Mais Libération en parle
tellement mieux que moi. Voici leur titre : « Les négociateurs butent sur la question de
l’antisémitisme. » C’est sûr que lorsqu’on éteint les lumières, on bute sur beaucoup de choses…Un
autre point posait problème : la qualification du Hamas. Le définir comme mouvement terroriste est
un point de rupture pour LFI. On a donc une annonce en fanfare, tout tambour et trompette
déployées pour nous annoncer comme un espoir immense l’avènement d’un Front populaire qui
compte combattre le fascisme (selon ses dires) aux côtés d’un parti qui a répandu l’antisémitisme par
calcul électoral. La gauche croit vraiment renaitre en se posant en championne de l’antifascisme
alors que pour des postes, elle s’allie avec des gens qui face à un pogrom refuse de qualifier ceux qui
se sont comportés par des Nazis, de terroristes. On a le droit de sacrifier ses principes à sa survie
sociale. En tout cas, c’est humain. Mais on ne se pose pas alors en grande conscience et en héritier
de Jean Moulin. On boit sa honte.
Et sur quelle base l’accord s’est-il fait ?
En toute honnêteté, on s’en moque. La gauche et ses électeurs aussi d’ailleurs. Cet accord est un pur
accord électoral et en si peu de temps, c’est déjà pas mal. Eux rêvent de gagner et de toute façon ils
gagneront en pouvoir. En revanche, ils auront réussi à abîmer un peu plus la politique. En acceptant
de débattre de la façon dont devait être qualifié le pogrom commis en Israël par le Hamas, la gauche
a montré que le 8 juillet effaçait très vite 7 octobre et qu’entre ses intérêts et le fait de combattre
réellement la haine des Juifs et tout simplement de dénoncer un crime contre l’humanité, elle faisait
vite son choix. En attendant, à l’heure où je vais vous parle, on sait que la lettre au Père Noël a été
écrite, on devrait en savoir plus aujourd’hui sur son contenu. Mais curieusement, si la question de la
répartition des circonscriptions a été annoncée comme réglée, la question de l’antisémitisme, elle, a
été évacuée. Le communiqué ne l’évoque même pas. En revanche les rodomontades en mode « No
pasaran » sont érigées en postures de base. C’était ridicule, cela devient indécent.
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