Céline Pina revient sur le « temps d’échange » proposé par Emmanuel Macron sur le racisme et l’antisémitisme, à l’école.
Le viol d’une enfant de 12 ans par des gamins d’un âge similaire, cela
parce qu’elle était juive, le tout en invoquant la Palestine, est atroce. Il est à la fois
inimaginable et pas étonnant. Une partie de la population a été chauffée à blanc par les
envolées lyriques d’une partie de LFI sur le génocide qu’infligerait Israël
aux Palestiniens. Peut importe qu’il n’y ait pas de génocide, ces accusations servent à
nazifier les israéliens, rebaptisés sionistes pour être attaquables dans tous les pays et
déchaîner la haine des Juifs au nom justement du soutien à la Palestine.
Une gamine vient d’en être victime, et croyez-vous qu’un peu de pudeur s’empare de ceux
qui ont allumé ce feu ? Non.
Vous savez quel imaginaire ont invoqué les gamins qui ont infligé cela à cette enfant de 12
ans ? A celui des jeunes filles, raflées le 7 octobre, dont les pantalons tâchés de sang
témoignaient des viols qu’elles avaient subies. Or une partie de nos députés de qualifier les
commandos de Hamas ayant accompli cela, des « résistants ». Et LFI d’en faire une
stratégie de campagne pour conflictualiser la société. Pour de jeunes décérébrés qui vivent
dans des banlieues islamisés ou dans des familles chez qui l’engagement pro-palestinien
masque mal l’antisémitisme virulent, violer c’est donc résister. Ici le viol n’est pas lié au désir.
C’est une arme punitive, une façon de dépasser toutes les limites que l’on doit au corps de
l’autre, une volonté d’humilier. L’imaginaire que cela invoque est terrible mais il vient de notre
propre débat public.
La demande du président Macron vous apparait donc légitime ?
Elle l’est. Mais l’homme a la main noire, tout ce qu’il fait réveille les fractures de la société. Je
passe sur l’inexpérience, il a oublié que l’on est en période de stage et d’examen et que la
plus grande partie des élèves n’est pas mobilisable.
Mais on a l’habitude. Le souci c’est qu’aujourd’hui, après une décision de dissolution vécue
comme un caprice irréfléchi, le président peine à se poser en rassembleur et incarnation de
la Nation. Il n’a pas la stature du commandeur.
Mais il y a bien pire. Les fractures de la société sont béantes à l’école. Mais surtout
antisémitisme et racisme ne relèvent pas des mêmes mécanismes, les mélanger en
permanence est contreproductif. Le racisme, croyance en ce que les hommes d’une autre
couleur que les Blancs sont inférieurs, engendre l’esclavage. L’exploitation de l’autre comme
une bête. L’antisémitisme, où le Juif est vu comme supérieur, plus rusé, plus calculateur,
plus solidaire, plus riche… engendre la shoah, les pogroms. La différence : dans le cas des
Juifs il n’y a pas de limite dans ce que l’on peut infliger à un corps, jusqu’à la profanation.
L’idée de la supériorité fait que l’on ne peut que le détruire. Sauf que cette réalité n’est
jamais dite. Il n’y a donc pas de doctrine dessus.
Même la définition du racisme a changé. Pour certain ce n’est plus refuser à d’autres
hommes l’égalité en droit à raison de leur couleur de peau, mais cela suppose que les
Blancs détiennent des privilèges de race qui font d’eux les créanciers des esclavagistes et
les Noirs, les créanciers de ceux qu’ils ont opprimés. Plus de quête d’égalité, mais une
escalade des reproches et des demandes de pénitence.
Alors aujourd’hui, ce temps d’échange, il prendrait quelle forme ? Le racisme c’est quoi ? Il
est important dans notre situation, de mentionner le contexte, ce ne doit pas être une
intervention abstraite. Les enseignants en ressentent-ils la nécessité ? Que faire si un
professeur décide de choisir de traiter plutôt de l’ « islamophobie » ? Et surtout, que faire si
cela suscite des menaces de mort ? Ne vaut-il pas mieux pour que le professeur ne risque
pas sa vie et lise une lettre du président engageant la Nation ? Les professeurs
l’accepteraient-ils ? Sommes-nous encore capable de nous indigner collectivement sur une
affaire insupportable ?
Nous ne pouvons rien faire pour la jeune fille qui a été atrocement violée. Mais aujourd’hui,
pouvons nous garantir qu’il n’y en aura pas une autre ? Nous connaissons tous la réponse.
Les questions que je viens de poser vous la font deviner. C’est non. D'autres jeunes filles juives sont en danger.
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