C’est une décision sans précédent dans une des maisons d’arrêt en France. À Bordeaux, la maison d’arrêt de Gradignan refuse toutes incarcérations de détenus jusqu'à nouvel ordre. C’est arrivé une seule fois, dans une prison à Paris mais jamais en province. Cette décision illustre à elle seule les difficultés du monde judiciaire.
Un taux d'occupation de 200%
Ne plus accepter de détenus, un fait rarissime qui permet d'éviter l’explosion dans cet établissement dont le taux d’occupation dépasse les 200%. Cette procédure, appelée STOP Ecrou, est une sorte de signal d’alarme pour cette maison d’arrêt de 1967 ou s’entasse au minimum 3 détenus par cellule de 9 mètres carrés.
Ils sont, en fait, 820 détenus pour 439 places dans le quartier des hommes touchés par cette décision. "On n’en peut plus" nous dit-on sous couvert d’anonymat les agents de l’administration pénitentiaire.
"Je crois que ça allait exploser"
Il fallait donc frapper les esprits mais aussi faire baisser la pression car "ça peut exploser à tout moment" estime M° Christine Maze, batonnière du barreau de Bordeaux, qui a récemment pu visiter la maison d’arrêt. "C'est une mesure forte, c'est une mesure qui est ultime parce que je crois que ça allait exploser, admet-elle. C'est le symbole de toute une chaîne qui dysfonctionne".
Cette mesure a pour conséquence directe de bousculer le fonctionnement de la justice à Bordeaux. Les détenus doivent aller ailleurs dans la région, notamment à Mont-de-Marsan... qui va rapidement se retrouver saturée. À Bordeaux, une nouvelle maison d’arrêt est en construction mais la première tranche ne sera fonctionnelle qu’en 2027.
Reportage de Christine Bouillot