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Comment Donald Trump a-t-il acquis une si large victoire ?

Par Alexandre Priam

"C’est le plus grand coup politique de tous les temps !". C’est par cette exclamation que Donald Trump a ouvert son discours de victoire sur la scène de son quartier général floridien la nuit dernière. Si son succès était tout à fait prévisible, l’ampleur de sa victoire a surpris toute l’Amérique. Le futur 47e président a su consolider ses bases et réaliser des percées décisives dans l’électorat habituellement démocrate. Analyse.

Donald Trump s'exprime au soir de l'élection américaine depuis son QG à West Palm Beach, en Floride. (Jim WATSON / AFP)

Durant quatre années de campagne, Donald Trump a su manier avec précision et agressivité un électorat américain en pleine mutation, loin d’être échaudé par ses condamnations judiciaires. Son obsession pour l’inflation, le pouvoir d’achat et l’immigration lui ont permis de frapper fort dans les fiefs démocrates, de faire basculer des États-clés et d’asseoir sa domination dans les territoires ruraux. Selon les chiffres de l’agence de presse américaine Associated Press, voici les premières conclusions marquantes, quelques heures après l’officialisation de l’élection de Donald Trump.

  • L’électorat de moins de 30 ans :
    Environ 50 % des votants ont suivi Kamala Harris, contre 60 % pour Joe Biden en 2020, 42 % d’entre eux environ ont voté Trump, contre 36 % en 2020.
  • L’électorat afro-Américain :
    80 % des votants Afro-Américains ont voté Kamala Harris (elle-même Afro-Américaine et Indo-Américaine), ils étaient 90 % à avoir soutenu Joe Biden en 2020.
  • L’électorat hispanique :
    Environ 55 % des électeurs hispaniques ont soutenu Kamala Harris, là encore en baisse par rapport aux plus de 60 % pour Biden en 2020.
    Ces catégories, toujours globalement réfractaires à Trump, l’ont tout de même été beaucoup moins qu’il y a quatre ans. Cette petite nuance a fait une grosse différence dans les États-Clés.

Ruralité et banlieues

Donald Trump n’a laissé aucune chance aux démocrates dans ses bastions. Au sein des territoires ruraux par exemple, des zones fortes déjà acquises à sa cause lors de son premier mandat. Celui qui est devenu le 47e président a encore davantage convaincu, au point d’accroître son avance, notamment en Pennsylvanie, dans l’Indiana, Kentucky, Géorgie, ou la Caroline du Nord.

Il s’est même permis de faire vaciller le fief de Joe Biden, le très rural comté de Lackawanna en Pennsylvanie. Là-bas, le parti républicain a grignoté 5,6 points dans les votes.

Dans les banlieues où résident la classe moyenne et des classes plus aisées, Donald Trump a aussi réalisé une percée, surprenante.

Dans le comté de Loudoun en Virginie, proche de la capitale Washington :
Biden s’était imposé face à Trump de 25 points d’écart en 2020. En 2024, l’écart s’est réduit à 17 points.

L’exemple le plus frappant est en Floride, un État républicain par excellence. Mais, les dernières bulles démocrates ont éclatés. Biden s’était imposé dans le comté de Miami-Dade en 2020. Cette fois-ci Trump le remporte de plus de 10 points. Le comté très Portoricain d’Osceola a aussi basculé en faveur de Trump alors que le parti démocrate l’avait remporté par 14 points d’écart en 2020.

Au regard de ces chiffres, Kamala Harris pourra regretter sa trop courte campagne, qui a démarré après la résignation de Joe Biden. Trois mois durant, elle n’a pas été en mesure de contrer le travail de longue haleine de son adversaire à la présidentielle, devenu à ses dépens le 47e président des États-Unis.

Alexandre Priam, correspondant à Los Angeles (Etats-Unis)

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