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Coup de gueule : un regard sur Varsovie et la mémoire

Comme d’habitude, je vais remettre le clocher au milieu du village. Mais aujourd’hui, ce village ne se trouve pas en France, il se situe à Varsovie, capitale de la Pologne. Pourquoi Varsovie ?

Parce que, au hasard de mes pérégrinations sur le web, j’ai découvert une information troublante en lisant des médias étrangers en français, notamment israéliens, maliens et camerounais. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a renoncé à se rendre à Auschwitz le 27 janvier prochain, à l’occasion des commémorations du 80ᵉ anniversaire de la libération du camp par l’Armée rouge.

Une absence imposée par la justice internationale

Ce renoncement ne résulte pas d’un choix personnel, mais bien d’une menace explicite émanant du gouvernement polonais. Par la voix de son vice-ministre des Affaires étrangères, Wladyslaw Bartoszewski, la Pologne a annoncé vendredi, dans les colonnes du journal Rzeczpospolita, qu’elle arrêterait le Premier ministre israélien s’il venait en Pologne. Cette décision repose sur un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI), qui accuse Netanyahou de crimes de guerre présumés dans la bande de Gaza. Bartoszewski a justifié cette position en déclarant : « Nous sommes tenus de respecter les décisions de la Cour pénale internationale de La Haye », la Pologne étant membre de cette institution.

Une indignation face à une mémoire bafouée

Je suis outré. Alors que le monde s’apprête à commémorer la libération de l’une des plus grandes usines de mort de l’Allemagne nazie — où plus d’un million de personnes, dont 90 % de Juifs, ont été assassinées —, des considérations politiques et judiciaires empêchent le chef du gouvernement de l’État hébreu, un État démocratique, de se rendre sur ce lieu de mémoire. Et Netanyahou ne sera pas le seul absent : Isaac Herzog, le président israélien, ne participera pas non plus à cet hommage. Le gouvernement israélien sera finalement représenté par le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch.

La responsabilité historique de la Pologne

Cette situation soulève une question légitime : n’aurait-on pas pu attendre une attitude différente de la part de la Pologne ? Ce pays, qui a vu s’installer sur son territoire occupé par l’Allemagne nazie l’ensemble des camps d’extermination tels que Maïdanek, Treblinka, Belzec, Sobibor et Chelmno, ainsi que les principaux ghettos d’Europe, dont celui de Varsovie. Ce dernier, théâtre d’une insurrection il y a 80 ans, a coûté la vie à 250 000 personnes en seulement deux mois.

Une mémoire en péril

Dans son livre Une histoire française, Valère Staraselski écrivait : « La mémoire est un drôle de brouillard. » Aujourd’hui, ce brouillard s’épaissit jusqu’à devenir une véritable nuit et brouillard. Alors que nous devrions nous rassembler pour honorer les victimes de la barbarie nazie, des décisions politiques viennent obscurcir la commémoration d’un des chapitres les plus sombres de l’Histoire.

Il est essentiel de réfléchir à la manière dont nous transmettons cette mémoire, car chaque omission, chaque absence, chaque polémique affaiblit notre capacité collective à tirer les leçons du passé.

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