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Edito : Libé s'égare sur Sud Radio... Par Philippe Bilger

Edito. Adrien Franque est un journaliste de Libération spécialisé dans les médias et pourtant il a écrit le 2 mai un article sur Sud Radio (SR) qui permet de douter de sa compétence et de son honnêteté. En tout cas, à le lire, il est manifeste qu'il n'a jamais pris la peine d'écouter cette radio […]

Edito. Adrien Franque est un journaliste de Libération spécialisé dans les médias et pourtant il a écrit le 2 mai un article sur Sud Radio (SR) qui permet de douter de sa compétence et de son honnêteté. En tout cas, à le lire, il est manifeste qu'il n'a jamais pris la peine d'écouter cette radio tout au long d'une journée, même pas dans ses séquences de débats, de questionnements, de convictions et de contradictions. Qu'elles concernent la Matinale avec Patrick Roger, Valérie Expert, Jean-Jacques Bourdin, André Bercoff (AB) ou les vraies Voix animées par Cécile de Ménibus et Philippe David auxquelles j'ai le plaisir et l'honneur de participer chaque soir.

Sud Radio serait "populiste" et "très présente sur les réseaux sociaux où elle participe à la diffusion des théories du complot et d'idées d'extrême droite".

Cette aberrante dénonciation se croit confortée par un portrait exclusivement à charge d'André Bercoff : "Le complotisme à micro ouvert", ce dernier animant une émission très suivie de 12 h 30 à 14 heures.

Même si le directeur général de SR, Patrick Roger, a répliqué avec justesse et mesure à ces absurdes accusations, il n'est pas inutile que d'autres, pouvant être plus libres dans leur expression, prennent la relève.

Avant d'aborder le fond de cette charge de Libération, je voudrais insister sur un élément extrinsèque qui démontre bien l'originalité de cette radio et son absence de corporatisme et de repliement sur soi. À mon sens elle est le seul média qui, sur les réseaux sociaux, à partir d'une conception ouverte et exigeante du pluralisme, permet une discussion parfois critique de ses pratiques. Il n'est pas rare par exemple qu'AB et certains de ses choix soient discutés. Libération, à l'évidence, n'a jamais poussé la liberté jusque-là !

Il faut revenir à AB puisque, à l'évidence, c'est à partir de cette seule personnalité et de cette unique émission que le journaliste Adrien Franque a fantasmé. Pour ma part je n'ai aucune raison d'avoir le "Bercoff" honteux et si j'avais été en relation avec les deux journalistes qui ont écrit ce réquisitoire, je n'aurais eu aucun mal - sans me réfugier dans l'anonymat - à défendre AB et en même temps à regretter que son extrême intelligence et son grand talent de questionneur donnent l'impression de s'attacher exclusivement aux dissidences sociales, politiques et intellectuelles. Il est normal de leur donner la parole mais j'aurais apprécié que la verve et le verbe de AB projettent leur singularité souvent provocatrice sur des thèmes consensuels, des écrits ou des propos sans rupture forcément avec la pensée dominante, qui n'a pas tort par principe en tant que telle.

Si AB est une richesse stimulante, cela tient précisément au fait que son émission est seulement une partie d'un tout qui constitue SR comme une radio aux antipodes de la caricature maligne produite par Adrien Franque. Je défie celui-ci, s'il acceptait de se se remettre en cause, de trouver la moindre trace de ce qu'il annonce comme une tonalité générale de Sud Radio dans la Matinale, ou chez Valérie Expert, Jean-Jacques Bourdin et dans les Vraies Voix.

Dans cette dernière émission de débats, de controverses et de drôlerie que je connais bien, puis-je insister sur la contradiction qui y règne et résulte par exemple de la présence, les mardi et jeudi soir, de Françoise Degois, une journaliste de gauche affichant clairement et avec talent ses convictions. Elle intervient également le jeudi dans la Matinale. Dans l'espace médiatique, je ne suis pas sûr qu'on puisse me donner l'exemple d'une telle professionnelle à la fois engagée et passionnée dans la défense de ses causes. Lecteur et téléspectateur compulsif, je n'en trouve pas. Ma confrontation avec elle et avec d'autres, présents ou non sur le plateau, démontre que réduire SR à une image complotiste et d'extrême droite n'a rigoureusement aucun sens.

Elle a d'autant moins de pertinence, et même est franchement grotesque, si je rajoute, pour en démontrer l'inanité, Olivier Dartigolles, chroniqueur de haute volée et communiste de surcroît, et d'autres moins médiatisés mais sans la moindre empathie pour la droite ou l'extrême droite. Normalement, dans une démocratie, cet étiquetage devrait être inutile et relèverait presque d'une inquisition obscène mais c'est Libération qui me contraint à ce dévoilement.

Il n'y a pas plus de lucidité ni de bon sens à encaserner SR dans un populisme qui n'est pas le sien et dont j'aurais apprécié que Libération en donnât une définition. Suis-je malicieux si j'ose avancer qu'est populiste tout ce que Libération n'approuve pas ?

Derrière cette double page de Libération, je perçois une mauvaise action très éloignée d'une authentique information et d'une vision impartiale et équilibrée. Elle me semble surgir à cause d'un constat et d'un déclin.

Le constat. Libération a beau traiter SR avec condescendance, le fait est que cette radio monte, progresse et ce n'est pas par hasard. Son slogan "parlons vrai" implique un "parlons libre", l'un et l'autre séduisant de plus en plus dans un monde médiatique où généralement ils font défaut, en tout cas en plénitude.

Le déclin. Où est passé le Libération que j'ai beaucoup lu où une imprévisibilité vive, inventive, honnête n'avait pas encore été remplacée par une prévisibilité se qualifiant de progressiste et devenue ennuyeuse à force d'avoir fait passer ses préjugés avant la réalité ?

Oui, Libération s'est vraiment égaré sur Sud Radio.

Retrouvez Philippe Bilger, Magistrat honoraire - President de l’institut de la parole du lundi au vendredi dans les Vraies Voix de 17h à 19h sur Sud Radio.

 

 

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