On a rarement vu des gouvernements aussi réactifs. Le régime syrien n’est pas tombé depuis 48 heures que dix pays européens annoncent, en ordre dispersé, qu’ils suspendent toutes les demandes d’asile de syriens. L’Allemagne, premier pays d’accueil, tire la première lundi matin. La Norvège, le Danemark, la Suède, la Belgique, le Royaume-Unis et l'Italie suivent. La France l'envisage. Seuls les Autrichiens annoncent un programme d’expulsions, mais la question enflamme la campagne électorale en Allemagne où la CDU veut renvoyer tous les Syriens.
Je suis peu suspecte de laxisme migratoire, mais je suis un peu gênée par cette précipitation. Certes, les ex-rebelles donnent des signes encourageants quant aux libertés, mais on aurait pu attendre quelques jours.
En attendant, on renonce à deux vaches sacrées : Le droit d’asile, je ne suis pas sûre que cette suspension soit parfaitement orthodoxe, et la soi-disant politique européenne coordonnée. Là, c'est chacun pour soi, le retour du national.
Que signifie cet emballement ?
Que le lyrisme immigrationniste, les bras grands ouverts de la chancelière Merkel, l’immigration-chance-pour-la-France et l’Europe, c’est fini. À part les extrêmes-gauchistes et les journalistes-prêcheurs, plus personne n’ose tenir ce discours. Toutes les gauches, sauf la nôtre, comprennent qu’elles ne peuvent plus s’opposer aux peuples à coups de moraline. Partout, elles adoptent des politiques restrictives.
La vérité, c’est que les Européens n’en peuvent plus de l’immigration massive, particulièrement de l’immigration musulmane. Pas parce qu’ils sont racistes ou islamophobes, mais parce une partie des populations arrivées ces dernières années posent un sérieux problème d’intégration quand ce n’est pas de délinquance ou d’insécurité. Les Européens veulent accueillir, mais pas voir leurs sociétés changer pour les nouveaux arrivants.
Il y a quelques jours, invité par Eugénie Bastié, sur Figaro-TV, Pierre Manent déclarait : "la part musulmane de l’Europe ne peut pas croître indéfiniment, comme c’est le cas aujourd’hui, sinon nous allons au-devant de drames qu’aucune version de la laïcité ne permettra de maîtriser". Cela a déclenché, comme d'habitude, le concert des belles âmes : "raciste", "xénophobe", "conspirationniste". Il a raison. Accueillir suppose d’intégrer à notre culture. On ne peut pas le faire avec de tels flux. L’humanité ne consiste pas à accueillir des gens qui n’aiment notre façon de vivre.
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