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Entre laxisme et tragédie : retour sur l’affaire Mohamed Amra

Par Philippe David

Comme à chaque fois, je remets le clocher au centre du village, un village lointain, puisqu’il s’agit de Bucarest, la capitale de la Roumanie.

French convict and drug trafficker Mohamed Amra (C) is escorted by policemen out of the Court of Appeal in Bucharest on February 23, 2025, after a hearing one day after his arrest under an European arrest warrant. Amra was on the run since being freed in May 2024 in an ambush that left two prison officers dead. French police have arrested 10 people suspected of aiding the convict, a prosecutor said on February 23. Amra accepted on February 23 his surrender to France by Romania which should take place within 30 days, his lawyer announced after a hearing at the Bucharest court. (Photo by Daniel MIHAILESCU / AFP)

Pourquoi Bucarest ? Parce que c’est là que le truand Mohamed Amra a été arrêté samedi dernier. Tandis qu’il devrait être escorté vers la France aujourd'hui, la Roumanie ayant rejeté son appel, il est important de revenir sur cette affaire et ses enjeux.

Pourquoi pousser ce coup de gueule ? Parce que si Mohamed Amra a le pédigrée qu’il arbore aujourd'hui et si deux fonctionnaires de l’administration pénitentiaire sont morts, cela est en grande partie dû aux politiques éducatives, pénales et carcérales menées en France depuis des années.

En effet, comment expliquer qu’entre 11 et 14 ans, cet individu ait été arrêté 19 fois pour des faits aussi graves que le « port d’arme prohibée, vol par ruse, extorsion, violences, trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs » et que 100 % de ces 19 plaintes aient été classées sans suite ? Comment faire comprendre à un jeune voyou qu’il y a une autorité de l’État et que la société protège les honnêtes gens, ses victimes, dans un contexte de tel laxisme ?

À l’heure de son évasion, Amra comptait pas moins de 15 condamnations, deux mises en examen et était impliqué dans cinq autres procédures. Pourtant, sans être inquiété de quelque manière que ce soit, il continuait de gérer ses trafics, de commanditer un contrat et même de préparer son évasion depuis sa cellule. Comment peut-on encore expliquer que la prison soit un lieu de purgation des peines quand, dans le cas d’Amra, on pourrait dire qu’il travaillait à distance, tout en bénéficiant de « coïts expéditifs » – ces câlins qu’il recevait de sa copine, qui se faisait passer pour sa sœur, derrière les barreaux ?

Ce qui a tué les deux fonctionnaires pénitentiaires, on le sait : c’est le laxisme des lois sur la justice des mineurs et l’absence de courage politique. Ces politiques ont transformé certains établissements pénitentiaires en véritables centres de gestion de trafics, où la liberté manque, mais où, en revanche, l’individu est nourri, logé, blanchi et bénéficie de privilèges, tout cela dans un cadre où l’autorité semble inexistante.

Il est grand temps d’obtenir des réponses fortes de l’exécutif, qui, comme à son habitude, semble rouler des mécaniques. Mais comme à chaque fois, il y a lieu de craindre que les paroles ne soient jamais suivies d’actes. La réforme du système pénal et carcéral est plus que jamais nécessaire pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent à l’avenir.

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