À l'occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, le 20 novembre 2024 à 21h15, France 2 diffuse une soirée continue qui commence à 21h15 par le film "Signalements", réalisé par Eric Métayer.
Eric Métayer : "J'aurais voulu mettre toute cette violence, mais si je mets toute cette violence, le film est illisible"
Comment fait-on quand on réalise une fiction avec des gens qui ont existé ? Comment ne pas les trahir ? Car pour le téléspectateur, ce qui va être à l'écran va être la vérité… Comment ne pas trahir la vérité de Karine et Laurence ? "D'abord, on s'est posé la question de l'écriture. Vous savez, c'est comme quand tout d'un coup, il vous arrive quelque chose dans la vie, et il y a un nombre de trucs autour qui ne peuvent être compréhensibles et douloureux que pour la personne qui l'a vécu. Donc, on a essayé de faire quelque chose où vous, vous ressentez tous ces moments. Des choses dures, il y en avait plein. J'aurais voulu mettre toute cette violence, mais si je mets toute cette violence, le film est illisible", a fait raconté Eric Métayer.
Ayant regardé le film, Karine, la petite fille qui a subi tout ce qu’on va voir dans le film, a dit qu’en vrai c’était encore plus violent que ce qu'on voit dans le film… "Oui, bien sûr que c'est plus violent. C’est pas regardable. Ce n'était pas possible parce qu’en réalité, la problématique vient du début, de la naissance, de la violence… Il y a d'autres choses qui se sont passées après, je mets deux ou trois mots dessus, c'est pas possible. On a vraiment essayé de montrer ce qu'on avait envie de montrer aussi, c'est la partie vitale, le combat de Laurence. Et pas de s'arrêter à ce qu'était l'horreur de ce qu'elle a vu", a répondu Eric Métayer.
"Nous, en France, on fait du colmatage"
Encourager les gens à signaler les cas de maltraitance d’enfants, n’est-ce pas de la dénonciation ? "L'urgence, pour moi, c'est la prévention. Mon avis personnel, c’est qu’entre un doute et ne rien faire, je préfère le doute et signaler. Signaler amène quand même à une investigation. Si je ne fais rien en me disant ‘oh, j'ai quand même trop de doutes, donc je vais pas faire’, il ne se passera rien. Et peut-être qu'on tombera… Quand on voit l'affaire Jambu, le premier signalement a été fait par les sages-femmes et par Laurence à la maternité. Pourquoi ? Parce que les sages femmes ont dit : ‘elle n'a pas de rapport avec sa fille, elle ne la prend pas dans les bras, il y a quelque chose qui ne va pas’. Si on avait ouvert le dossier de cette femme au moment où il y a eu le premier signalement, on aurait vu un historique tel qu'on aurait fait ‘ouh là, la gamine, on l'enlève tout de suite’."
Pourquoi n’arrive-t-on pas en France à régler le problème de la maltraitance d’enfants ? "On va toujours revenir au nerf de la guerre : c’est l'argent. Comme le dit Bruno [Solo], on a trois juges. Qu'est-ce qu'ils voulaient faire pour 400 dossiers ? Comment voulez-vous qu'on puisse faire ? En Espagne ils ont mis l'argent sur la table pour le faire, et ça a réduit les choses. Nous, en France, on fait du colmatage. On appuie sur un trou de la coque, et il y a une fuite de l'autre côté. À un moment donné ça prend l'eau, ce n'est pas possible. L’enfance, c’est quand même l'avenir de notre pays."
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