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Euthanasie : "le Conseil d'État regrette une certaine ambivalence", note Bertrand Guidet

Par Adélaïde Motte

Projet de loi fin de vie, différence entre euthanasie et suicide assisté : Alexis Poulin en parle avec Bertrand Guidet sur Sud Radio le 3 mai 2024.

euthanasie
Betrand Guidet invité d’Alexis Poulin dans "Poulin sans réserve” sur Sud Radio.

Bertrand Guidet, président du Comité éthique de la FHF, Chef de service de médecine intensive réanimation, hôpital Saint-Antoine, Paris, est l'invité d'Alexis Poulin pour discuter du projet de loi fin de vie et de la différence entre euthanasie et soins palliatifs.

"Plus de 20 départements sont dépourvus d'unités de soins palliatifs"

Bertrand Guidet rappelle que l'euthanasie proposée dans le projet de loi n'est pas "une aide à mourir qui se substituerait aux soins palliatifs. Il y a une partie sur les soins d'accompagnement et une partie sur l'aide à mourir." "L'optimisation des soins palliatifs est absolument nécessaire, la question c'est est-ce qu'il fallait en faire un prérequis." En effet, les soins palliatifs sont actuellement très peu développés et Bertrand Guidet estime qu'en attendant, il faut aussi répondre à la demande des personnes qui souhaitent disposer d'une proposition portant sur l'aide à mourir.

"Plus de 20 départements sont dépourvus d'unités de soins palliatifs", rappelle Bertrand Guidet. Dans ces départements, "il y avait quand même de l'hospitalisation à domicile, mais il y avait un vrai manque." En développant les soins palliatifs dans ces territoires, le projet de loi "va créer une espèce de vaisseau amiral pour créer une offre de soins palliatifs." Un enjeu primordial car il "concerne de plus en plus de monde." "L'idée c'est de privilégier les unités mobiles de soins palliatifs, ce qui permet de continuer la prise en charge. Cette notion de continuité est extrêmement importante."

"La Commission parlementaire ne va pas retenir la clause de conscience collective" pour l'euthanasie

"Les conditions d'accès à la demande sont précises, dans un des critères c'est la notion de court et moyen terme", explique Bertrand Guidet, qui ajoute que "ni le médecin ni le malade n'est pas capable de dire 'si on ne fait rien vous mourrez dans quatre mois ou dans huit mois'", d'autant que "pour certaines pathologies les traitements ont beaucoup évolué." Il devient "assez difficile" d'évaluer une mort à moyen terme. "La Haute autorité de santé va être saisie de cette question, ils vont avoir beaucoup de mal à répondre, c'est le malade dans sa singularité qui va être évalué."

La difficulté sera également sur la clause de conscience. Si Bertrand Guidet "pense que la Commission parlementaire ne va pas retenir la clause de conscience collective", elle maintiendra probablement la clause de conscience individuelle, comme ce qui existe dans le cas de l'avortement.

"On euthanasie son chien, le suicide c'est très connoté"

"Dans le suicide assisté c'est une substance létale, c'est le malade qui absorbe lui-même la substance." Toutefois, si le malade n'est pas capable de s'administrer la substance à lui-même, "il est prévu que des soignants soient mobilisables à la demande. A chaque fois que ce sera possible ce sera le malade lui-même, toute la difficulté c'est qu'est-ce qui se passe si ça se passe mal, le terme actif a été supprimé du projet de loi, on est plutôt dans une approche autonomiste" "Il y a un glissement entre une procédure de type suicide assisté vers une procédure de type euthanasie, même si ces termes ne sont jamais utilisés dans le projet de loi."

"On euthanasie son chien et dans euthanasie il y a nazi. Le suicide c'est très connoté", explique Bertrand  Guidet pour justifier qu'aucun des deux termes n'apparaisse dans le projet de loi. "Le Conseil d'État regrette une certaine ambivalence avec des pratiques qui ne disent pas leur nom." Sans oublier que "dans le serment d'Hippocrate vous devez accompagner votre malade et vous ne devez pas donner la mort."

 

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