Les particules de frein, ennemies invisibles
Sur les routes, ce ne sont plus les moteurs, mais bien les freins qui représentent désormais la première source de pollution par particules fines. Un rapport alarmant du CNRS et de l'INSA Lyon révèle qu'une berline moyenne peut émettre jusqu'à 20 mg/km de particules toxiques issues du freinage, soit quatre fois plus que ce qui est mesuré à l'échappement ! Pour certains SUV, ces chiffres explosent à 60 mg/km. Ces particules invisibles, bien que peu connues, sont extrêmement dangereuses pour la santé humaine. Un risque sanitaire majeur et méconnu
Les particules issues du freinage, notamment composées de cuivre, nickel, et plomb, sont si fines qu'elles pénètrent directement dans l'organisme. Le cuivre, à l'état nanométrique, est particulièrement dangereux, provoquant des dommages cellulaires et même des cancers. D'autant plus alarmant que 50 % des particules de cuivre en suspension dans l'air proviennent des freins ! Autant dire que l'impact sanitaire est colossal, et pourtant, la majorité des gens ignore ce danger. La nouvelle norme Euro 7, qui entrera en vigueur en 2026, impose des limites strictes sur ces émissions, mais les solutions actuellement proposées par les constructeurs semblent déjà insuffisantes.
Des solutions inadaptées et coûteuses
Pour répondre à ces nouvelles exigences, les constructeurs ont opté pour des plaquettes avec un traitement au carbure de tungstène sur les disques, une technologie coûteuse mais efficace sur le papier. Toutefois, cette solution ne garantit pas une durabilité suffisante. En effet, les freins doivent pouvoir respecter ces normes pendant 200 000 km et 10 ans, une exigence énorme pour des composants aussi sollicités. Le régulateur souligne d'ailleurs un "très fort risque de non-respect" de cette durabilité, ce qui met la pression sur les constructeurs. Si ces derniers ne parviennent pas à proposer une technologie fiable sur la durée, ils devront rappeler tous les modèles produits.
Pire encore, ces nouvelles technologies, si elles permettent de respecter les normes lors des tests d'homologation, ne tiennent pas toujours en conditions de conduite exigeantes (montagne, véhicules lourds, conduite rapide). Et, après un remplacement des freins, il est impossible de vérifier si le véhicule est toujours équipé des pièces renforcées, ouvrant ainsi la voie à de potentielles fraudes massives. Tout cela nous mène tout droit vers un nouveau scandale de l'ampleur du Dieselgate.
Des alternatives déjà disponibles mais ignorées
Pourtant, des solutions plus efficaces existent. La société française Tallano Technologie a développé un système de filtration innovant appelé TAMIC, qui élimine jusqu'à 90 % des particules au freinage. Ce dispositif est simple, abordable et assure une durabilité équivalente à celle du véhicule. Toutefois, cette technologie n’a pas été retenue par les constructeurs, qui préfèrent des solutions plus économiques et faciles à intégrer dans les chaînes de production. Encore une fois, l'industrie automobile semble privilégier les économies immédiates au détriment de la santé publique et de la durabilité environnementaleConclusion : Un désastre à venir ?
Comme pour le Dieselgate, les constructeurs risquent de payer le prix fort en refusant d'adopter des solutions durables. Avec des millions de véhicules potentiellement concernés par des rappels, une question se pose : à quand une véritable prise de conscience de l'industrie ? Tant qu’ils ne prendront pas leurs responsabilités en adoptant des choix technologiques garantissant une durabilité de 200 000 km et 10 ans, ils resteront sous la menace de rappels massifs, coûtant des milliards.
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