C'est une douche froide pour les boulistes du Club Lepic Abbesses pétanque, expulsés du terrain qu'ils occupaient depuis des décennies dans le mythique quartier de Montmartre, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Propriétaire de l'emplacement défendu bec et ongles par les membres du Clap, la Mairie de Paris a validé l'expulsion, au regard d'une décision du Conseil d'État. Au micro d'André Bercoff, Maxime Liogier, responsable de la communication du club de pétanque, et Christian Clarke, représentant de Jardin Junot, règlent leurs comptes.
Pour le représentant de Jardin Junot, l'objectif est de "rendre un ancien square, privatisé par une association pendant 50 ans, ouvert au grand public".
Pourquoi le célèbre boulodrome de Montmartre a-t-il évacué ? C'est la question que tout le monde se pose. Christian Clarke, le représentant de Jardin Junot, avance son explication : "la Mairie de Paris a l'obligation de faire des appels d'offres sur les terrains publics" de la ville, et "un appel d'offres a été lancé pour le terrain juxtaposé à l'Hôtel particulier". En conséquence, le "Jardin Junot a remporté l'appel à projets, qui a été voté en Conseil de Paris et confirmé par le Conseil d'État", poursuit-il.
Dès lors, le "projet est simple", détaille le représentant de Jardin Junot : il s'agit de "rendre un ancien square, privatisé par une association pendant près de 50 ans, ouvert au grand public". De ce fait, Christian Clarke assure que le terrain sera un "jardin public, ouvert de 8h à 19h pour tout le monde, gratuitement", et non pas une "extension de la terrasse de l'Hôtel", comme beaucoup semblent l'affirmer.
"La Mairie de Paris nous fout à la porte comme des chiens !", accuse le représentant du Clap.
"Honteux" : c'est le mot qui vient à la bouche de Maxime Liogier, responsable de la communication du Clap, pour qualifier l'expulsion du club de pétanque. Selon lui, "l'opération a été menée à la va-vite", expulsant dès lors "le plus gros club de pétanque de Paris et le plus féminin de France".
Par ailleurs, le responsable de la communication du Clap accuse la Mairie de Paris d'avoir lancé une "procédure plus qu'opaque". Installé sur le terrain "depuis 1972", le Clap n'a pourtant "jamais signé de convention", et ce même en 2017, lorsqu'une directive européenne obligeait les occupants d'un espace public à signer le précieux sésame. "Nous sommes allés voir la Mairie pour en signer une, mais on nous a dit de laisser couler, qu'il n'y en avait pas besoin", développe Maxime Liogier. Aujourd'hui, il a le sentiment -idem pour les quelques 300 boulistes du club- que "la Mairie de Paris [les] fout à la porte comme des chiens".
D'autre part, Maxime Liogier rappelle que le Clap "est un club de sport et pas seulement une association". L'occasion pour lui de soulever l'incohérence de la Mairie dans cette affaire : "Anne Hidalgo veut promouvoir le sport et les femmes dans le sport, mais elle fait tout l'inverse dans ce dossier !". Persuadé qu'il subsiste des "collusions et des connivences" derrière cette histoire d'appels à projets et d'expulsion, le responsable de la communication du Clap assure qu'ils "[n'ont] pas perdu" et qu'ils "[vont] se battre jusqu'au bout".
Selon le Clap, "la Mairie s'assoit sur un décret de 1991 pour faire fructifier l'activité commerciale d'un hôtel de luxe !"
Autre fait qui dérange le responsable de la communication du Clap : "on s'attaque du maquis de Montmartre et on est en train de le détruire !". Sur ce point, Maxime Liogier pointe également la responsabilité de "l'État qui, pour l'instant, ne bouge pas". En effet, depuis le décret du 27 novembre 1991, le maquis de Montmartre est un "site classé", ce qui signifie que "le terrain doit rester en l'état". Une raison légale qui justifie donc, d'après Maxime Liogier, que le boulodrome demeure sur le terrain juxtaposé à l'Hôtel particulier.
De cette façon, le responsable de la communication du Clap reproche à la Mairie de Paris de "[s'asseoir] sur un décret de 1991 pour faire fructifier l'activité commerciale d'un hôtel de luxe !". L'occasion, aussi, de fustiger la stratégie de Jardin Junot qu'il qualifie de "fake" : "ça s'appelle du greenwashing, c'est du pipeau ! Les riverains ne veulent pas de ce projet !". Désormais pour Maxime Liogier, c'est "le dernier lieu de vie de quartier de Montmartre" qui se retrouve menacé, au profit du tourisme de luxe.
Le représentant de Jardin Junot assure qu'il "y avait une demande de la Mairie de Paris de revégétaliser" le terrain.
Christian Clarke répond aux accusations portées contre le Jardin Junot en rappelant que c'est avec son entreprise que la Mairie de Paris "a signé une convention". "Il y avait une demande de la Mairie de Paris de revégétaliser l'endroit, c'est-à-dire d'enlever des tonnes et des tonnes de gravats et de terre", indique-t-il.
Ainsi donc, le responsable de Jardin Junot promet que "le maquis de Montmartre sera respecté en [même] mis en valeur". Quant aux liens qui, selon les rumeurs, uniraient le Jardin Junot à l'Hôtel particulier, Christian Clarke dément toute proximité. Outre le fait d'être "voisins", "l'Hôtel particulier fait un mécénat pour couvrir l'ensemble des travaux, et notamment pour payer une redevance à la Ville de Paris à hauteur de 60 000 euros par an pendant 12 ans".
Aujourd'hui, quelles suites possibles au dossier ?
Après l'expulsion, où en est le dossier ? Des"référés ont été lancés", annonce Maxime Liogier. En effet, au moment de l'expulsion,"la BAC, les CRS et la Police nationale sont rentrés sur le site et ont tout cassé !", poursuit-il. Désormais pour le Club Lepic Abbesses pétanque, l'objectif de cette démarche semble très clair : "premièrement, il faut qu'on récupère nos affaires. Ensuite, il faut que la Mairie, comme elle s'y était engagée, nous trouve un autre terrain. Pour le moment, elle ne l'a toujours pas fait". Affaire à suivre..
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