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"Faire ses courses est devenu une science !" dénonce Elisabeth Lévy

La Cour des comptes européenne dénonce "la jungle" des étiquettes alimentaires : Élisabeth Lévy réagit.

Christophe SIMON - AFP/Archives
Christophe SIMON - AFP/Archives

Faire ses courses est devenu une science. Un consommateur avisé n’achète pas ce qu’il aime, mais ce qui est bon pour ses enfants, pour le climat et pour la planète. Les produits alimentaires se vendent désormais avec un manuel d’utilisation.

Des labels, des normes, des sigles, des logos, et des garanties sont supposés orienter le consommateur. Pour la Cour des comptes européenne, ils ont plutôt tendance à l’égarer. Des centaines de labels, des empilements de normes nationales et européennes, des d’innombrables allégations sur les vertus nutritionnelles ou sanitaires d’un composant... À l’arrivée, le consommateur est perdu, parfois trompé. Par exemple, aucune règle ne conditionne l’usage du mot naturel, propre à déclencher l’impulsion d’achat (qui achèterait une boisson se présentant comme chimique ?).

Pourquoi y en a-t-il autant ? 

Dans les coulisses, il doit y avoir des bagarres de lobbies agro-industriels, dont une une guerre du nutriscore (adopté par 3 pays de l’UE mais auquel l’Italie est très hostile).  

La véritable raison est que nous sommes des consommateurs soupçonneux et procéduriers. Nous voulons tout savoir sur ce que contient notre assiette : a-t-on parlé gentiment au poulet ? Quel est son bilan carbone ? N’y a-t-il pas eu deux grammes de trop de pesticides sur ses aliments ?

Cette inflation normative contribue à l’obésité de la Fonction Publique. Il faut des gens pour édicter les normes, les appliquer, vérifier leur application, contrôler la vérification etc. Des armées de fonctionnaires veillent à la qualité de tout ce qui se fabrique. 

C’est ce qu’on appelle la société de défiance. Moi consommateur, j’ai des droits sacrés. J’exige de tout savoir. Et je me méfie de tous : l'État, le producteur, le revendeur, le supermarché... Certes, on a besoin d’une information minimale et honnête. Mais aujourd’hui, il y a des processus de productions standardisés, et des normes d’hygiène et de sécurité partout. On devrait moins s’inquiéter de ce qu’on met dans l’assiette de nos enfants que de ce qu’on leur fourre dans la tête. 

Retrouvez toutes les vidéos de nos éditorialistes dans notre playlist dédiée. Rendez-vous dans Le Grand Matin Sud Radio de Jean-Jacques Bourdin pour retrouver l'édito d'Elisabeth Lévy.

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