Pourra-t-on encore voir une abaya à l’école ? Après l’annonce de Gabriel Attal, dimanche dernier, certains en doute. Car deux questions se posent aujourd'hui : juridique et plus simplement dans les faits.
Les chefs d'établissements attendent des précisions
Car si les chefs d’établissements se disent globalement satisfaits de l’annonce, ils attendent encore des précisions. "Comment tout cela va se passer concrètement ?" se demande par exemple Jean-François Veran, du SPDEN UNSA, syndicat des chefs d’établissements.
"On est présents devant les écoles au portail pour l'entrée des élèves. Donc nous connaissons nos élèves et nous intervenons systématiquement chaque matin quand il y a un soucis. Par le dialogue avec les élèves et les parents, nous arrivons, en général, à décrisper la situation. Néanmoins, si après l'espace de dialogue avec l'élève avec la famille, la problématique reste, qu'allons-nous faire ?" se demande-t-il au micro de Lionel Maillet pour Sud Radio. "C'est la question centrale. Est-ce qu'on va dire à l'élève - alors qu'on est là pour les accueillir - tu ne viens plus à l'école ? On sera dans la logique inverse du principe de laïcité".
Une visioconférence pour lever les doutes
Pour éclaircir ces zones d’ombres, Gabriel Attal s'entretiendra avec les chefs d’établissements par visioconférence ce mardi. Ils recevront ensuite "une note de service". Un accompagnement global qui concerne également les parents comme l’expliquait ce lundi Sonia Backès, secrétaire d’état chargée de la citoyenneté sur BFMTV.
"En fait, il y a un grand plan d'accompagnement. Les 14.000 chefs d'établissements vont être formés. Il va y avoir un accompagnement humain avec les équipes de la République qui seront dans les établissements qui seront les plus touchés par le sujet et puis on va avoir une lettre aux parents". De quoi apaiser d'éventuelles tensions.
Interdire l'abaya est il anti-constitutionnel ? Manuel Bompard veut saisir le Conseil d'État
Se pose enfin la question juridique. L’abaya est-il un vêtement religieux au regard de la loi de 2004 sur les signes religieux ? Problème, pour apporter une réponse à cette question, il n'y a aujourd’hui aucune jurisprudence du Conseil d'Etat sur ce vêtement. Cette future interdiction pourrait donc faire l'objet de recours devant la Justice voire même être interdite devant le Conseil Constitutionnel.
Une possibilité qui s'est rapidement matérialisé dans les faits. Ce mardi matin, Manuel Bompard a expliqué vouloir saisir le Conseil d'État. Le coordinateur de LFI a expliqué, ce mardi sur France 2, qu'il allait proposer aux députés de son groupe "d’attaquer au Conseil d’État cette réglementation". Son objectif : prouver que cette interdiction de l'abaya souhaité par le gouvernement est anti-constitutionnel.