Alors que les médecins libéraux font grève le 28 décembre 2022, Bruno Megarbane, a expliqué les raisons de leur malaise au micro de Sud Radio.
Bruno Megarbane : "Les décisions concernant l'hôpital sont prises par des personnes coupées du terrain"
L’hôpital est-il en était de crise permanente ? "Nous travaillons en situation de crise quasiment en continu depuis 4 ou 5 ans. Et lorsqu’une pression plus importante arrive, nous devons, en raison du manque de personnel, du manque de lits, prendre en charge les patients d’une façon moins optimale. La nuit dernière encore, j’avais 4 patients qui relevaient de l’admission dans des lits de soins critiques, et j’ai été obligé de les gérer, soit sur des brancards des urgences, soit sur des lits de service de médecine qui ne sont pas adaptés à leur situation", a répondu Bruno Megarbane.
📢 Comment se porte le personnel à l’#hopital ?
🗣 Bruno Megarbane, chef du service réanimation Lariboisière : "La majorité du personnel est totalement démotivée. Les relations avec le patient, le parcours de vie, ce n'est plus la priorité, c'est plus les actes techniques" pic.twitter.com/LgnFmvSHBX
— Sud Radio (@SudRadio) December 28, 2022
"Pour nous, malheureusement, le bilan est très clair. On sait depuis plusieurs années que l’hôpital est atteint d’un problème structurel de fonctionnement, que ce soit en termes de capacité ou de gestion et de gouvernance. Il faut refonder notre système. Pas seulement l’hôpital public d’ailleurs. On voit que le secteur libéral, lui aussi, est en souffrance, avec la grève que les médecins libéraux sont en train de conduire. Il faut tout revoir. Je crois que nous avons de l’argent sur la table. Simplement, l’argent va dans des investissements qui ne correspondent pas aux besoins, avec une administration hypertrophiée qui a toutes les manettes de la décision en main, et des décisions qui sont prises par des personnes coupées du réalités du terrain, malgré la démonstration éclatante avec la Covid-19 du besoin fondamental de lits à l’hôpital public", a poursuivi Bruno Megarbane.
"La relation avec le patient, le parcours de vie, n’est plus la priorité"
"Plus on tarde à opérer cette refondation, plus la facture sera lourde. Il faut revoir toutes les valeurs fondatrices du soin. Aujourd’hui, la majeure partie du personnel paramédical et aussi, de plus en plus, du personnel médical, est totalement démotivée. La relation avec le patient, le parcours de vie, n’est plus la priorité. On s’occupe essentiellement d’actes techniques, de soin, avec une priorité donnée au volume. Et comme variable d’ajustement de l’équilibre budgétaire, le nombre de lits et le nombre de personnels.
📢 #grevemedecin : est-elle malvenue ?
🗣 Bruno Megarbane, chef du service réanimation Lariboisière : "Je ne leur en veux pas, je les comprends mais c'est très malvenu. Nous sommes dans la pire période, la période hivernale. Ce n'est vraiment pas le bon moment" pic.twitter.com/YRC1nkZsWt
— Sud Radio (@SudRadio) December 28, 2022
Il y a aussi une modification de la sociologie de la profession médicale ou paramédicale. Contrairement au passé, où nous acceptions de travailler des dizaines d’heures d’affilée sans contestation, aujourd’hui les plus jeunes veulent une qualité de vie, veulent travailler dans les mêmes normes que le reste de la population", a déclaré Bruno Megarbane.
À lire aussi :
Retrouvez "Mettez-vous d'accord" avec Thierry Steiner tous les jours à 10h30 sur Sud Radio.