single.php

Guerre en Ukraine : "On est en train de payer dix ans de désinvestissement militaire, diplomatique et conceptuel"

Où en est-on dans la guerre en Ukraine, trois ans après ? Pour en parler, Jean-Baptiste Noé, rédacteur en chef de la revue Conflits, était l'invité d’Alexis Poulin le lundi 24 février sur Sud Radio.

Jean-Baptiste Noé
Jean-Baptiste Noé, invité d’Alexis Poulin dans "Poulin sans réserve” sur Sud Radio.

Comme l'explique Jean-Baptiste Noé, cette guerre a montré à l'Europe l'impératif de se réinventer militairement.

"Les Américains ont payé pour la défense européenne"

Les quinze derniers jours ont fait office de tournant dans la guerre en Ukraine… "Il y a l’aspect militaire et l’aspect diplomatique. On voit que sur l’aspect militaire, ça évolue peu : les Russes grignotent, mais ils avancent peu, ils tiennent à peu près 20% du territoire ukrainien. En revanche, sur le front diplomatique, ça évolue beaucoup, notamment depuis que Donald Trump a pris les commandes des États-Unis. On voit que Poutine et Trump sont en train de se mettre d’accord par-dessus les Européens et même les Ukrainiens. Les principaux intéressés sont mis sur la touche, et c’est inquiétant", a commenté Jean-Baptiste Noé.

Selon Jean-Baptiste Noé, "on est en train de payer dix ans de désinvestissement militaire, diplomatique et conceptuel". "Avec les Accords de Minsk de 2015, les Européens étaient en première ligne pour les questions ukrainiennes. Et puis, ça n’a pas fonctionné : ce n’est pas de la faute des Européens s’ils n’ont pas su maintenir une paix, mais il n’empêche que la guerre a eu lieu."

"Pendant des années, les Européens ont considéré que leur armée, c’était l’OTAN. En Europe, on avait l’État-providence, et on était protégé par l’armée américaine. Donc, les Américains ont payé pour la défense européenne, les Européens payant très peu dans la contribution de l’OTAN, ce qui a fini par énerver les Américains", a poursuivi Jean-Baptiste Noé.

"Tous les pays européens n'ont pas non plus la même conception de l'ennemi"

On remarque quand même une volonté de faire une Europe de la défense, n’est-ce pas positif ? "La guerre d'Ukraine a changé beaucoup de choses dans la manière de voir le monde, c'est plutôt positif. Tous les pays européens n'ont pas non plus la même conception de l'ennemi, car on fait toujours la guerre face à un ennemi. Les Polonais ou les Estoniens ou Lituaniens ne voient pas le monde de la même manière que des Portugais ou des Espagnols. Pour eux, l'ennemi vient plutôt du Sud, il ne vient pas de l'Est. Il faudra trouver des points d'accord, ça va être un petit peu compliqué", a répondu Jean-Baptiste Noé.

Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là… "Et puis, il y a la question du matériel et question de l'industrie. La Pologne est un pays qui réarme énormément. La Pologne a la volonté d'être la première puissance militaire en Europe dans les années qui viennent, ils craignent la Russie, ils ont un antagonisme historique ancien avec la Russie. On verra ce que ça donnera. Une armée, c'est aussi des hommes. Il faut aussi que vos hommes, vous ayez à leur offrir une carrière. C’est un peu le drame de l'armée française : quand l'armée française se retire d'Afrique, c'est aussi qu'est-ce que vous offrez ensuite comme carrière à vos soldats ? Vous ne pouvez pas simplement leur dire : ‘Vous irez à Besançon ou à Bourges toute votre vie’. Quand on est militaire, c'est pour être sur le terrain, il faut aussi offrir ça. Sinon, vous avez une armée de caserne. On a connu ça pendant longtemps au temps de la guerre froide, on attendait que l'Union soviétique envoie ses chars."

Cliquez ici pour écouter l’invité d’Alexis Poulin dans son intégralité en podcast.

Retrouvez l’invité d’Alexis Poulin chaque vendredi à 13h dans “Poulin sans réserve” sur Sud Radio

Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

L'info en continu
18H
17H
16H
14H
Revenir
au direct

À Suivre
/