Accès à l'IVG, reconnaissance des femmes y ayant eu recours avant sa dépénalisation, budget, réseaux sociaux : Aurore Bergé a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Le nombre d'IVG est "un chiffre qui reste stable en France"
Alors que l'avortement est autorisé depuis 50 ans en France, Aurore Bergé note que le nombre d'avortement est "un chiffre qui reste stable en France". Elle rappelle que "les femmes n'ont pas à se sentir ni honteuses ni coupables". C'est "à la société de les accompagner dans leur choix. Il y a deux méthodes, ou médicamenteuse ou chirurgicale." "Une femme qui veut avorter elle avorte, l'idée c'est qu'elle le fasse dans les conditions qui sont les plus dignes pour elle." En revanche, elle ne pense pas utile d'allonger le délai de recours. "On est dans la moyenne européenne, on est dans quelque chose qui éthiquement a du sens."
50 ans de la loi Veil : "Le chiffre des IVG reste stable. C'est un droit, une liberté, et les femmes n'ont pas à se sentir coupable" déclare @auroreberge pic.twitter.com/ZY4davgIwi
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Pour Aurore Bergé, reconnaître les souffrances des femmes ayant avorté avant la dépénalisation de l'IVG est "une démarche symbolique de reconnaissance et de réparation." "C'était s'exposer à la mort, à de la prison", rappelle-t-elle. Elle explique qu'il "y avait une voiture de police qui attendait les jeunes filles" devant le domicile d'une célèbre "faiseuse d'anges" proche de Simone de Beauvoir. "Au-delà de la clandestinité, c'étaient des séquelles physiques, parfois pour toute une vie." En effet, les IVG étaient pratiquées dans des conditions déplorables. "On faisait ce qu'on pouvait. On a eu aussi des médecins qui ont pratiqué auprès de ces jeunes filles, de ces jeunes femmes, de ces femmes. C'est symboliquement une réparation que l'on doit à ces femmes."
Répertoire de ceux qui pratiquent les IVG : "l'objectif c'est de faciliter la vie de celles qui veulent avoir recours à l'avortement"
Certaines associations demandent une cartographie ou une liste des personnels de santé qui pratiquent des avortement afin de faciliter la vie des femmes qui souhaitent y avoir recours. Pour Aurore Bergé, cela serait difficile à mettre en oeuvre. "Malheureusement certains médecins se font menacer et harceler parce qu'ils pratiquent. Ils nous disent 'Je ne veux pas être cyber-harcelé, je ne veux pas voir ma devanture être attaquée.'" Néanmoins, elle souhaite avancer dans ce projet. "L'objectif c'est de faciliter la vie de celles qui veulent avoir recours à l'avortement. Une femme qui veut avorter elle doit savoir comment faire le plus proche possible d'elle." Il est déjà possible de faire pratiquer une IVG chirurgicale par une sage-femme.
IVG : "Nous ne supprimerons pas la clause de conscience pour les médecins" assure @auroreberge pic.twitter.com/gDVRhCmYfO
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En revanche, Aurore Bergé ne pense pas qu'il faille supprimer la clause de conscience. "Je peux comprendre que ça choque les féministes, mais je pense qu'on a trouvé aujourd'hui un compromis, ce qu'il faut c'est qu'on ait suffisamment de médecins, suffisamment de sage-femmes, on n'est pas toutes égales en fonction du territoire où on vit." De plus, "quand vous constitutionnalisez l'IVG vous dîtes qu'en France, ce droit n'est pas négociable. Ca permet de remettre en lumière ceux et celles qui pratiquent les IVG" et "les moyens ont été augmentés année après année."
La lutte contre les féminicides est "une responsabilité de l'Etat" et "une responsabilité collective"
Pour Aurore Bergé, la lutte contre les féminicides est également "une responsabilité de l'Etat, c'est aussi une responsabilité collective." Depuis le début de l'année, les victimes étaient "des femmes qui étaient en train de se séparer." Cela montre que dans certains lieux, la femme est encore vue comme la propriété de son conjoint, qu'elle ne peut pas quitter. "C'est ça le véritable problème, on a encore cette image-là." "Il faut que la société dise comment on peut ou ne peut pas se comporter."
Le travail pour inclure la notion de consentement dans la définition du viol fait partie de ce projet. "C'est un travail transpartisan." Un rapport sera remis la semaine prochaine. Il est "favorable à une évolution de notre code pénal pour mieux condamner et envoyer un message à la société. Ce n'est pas parce qu'on ne dit pas non qu'on dit oui. Il y a des principes essentiels qui doivent absolument être respectés. Quand on est dans une relation normale, on sait."
La "flat tax" va-t-elle passer de 30 à 37% ? "Par principe, je ne suis pas favorable à des hausses d'impôts. Je souhaite, en matière de fiscalité, que l'on reste sur la copie de Michel Barnier" signale @auroreberge pic.twitter.com/hvOIzGxzp3
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Enfin, Aurore Bergé regrette "une vision un peu parcellaire" de l'esquisse de budget présentée par François Bayrou. "On dit 'en fait c'est de la dépense supplémentaire', en fait c'est ce qu'on appelle un compromis. Beaucoup de budget vont être en baisse, mais dès qu'un budget est en baisse ça crée des remous." En revanche, le budget de François Bayrou ne devrait pas inclure de nouveaux impôts, si ce n'est pour "les très très très hauts patrimoines." "On a permis depuis sept ans la baisse d'impôts", rappelle Aurore Bergé, avec notamment la taxe d'habitation. Concernant la hausse de la flat tax de 30 à 37%, Aurore Bergé souhaite "qu'on garde la copie qui était celle de Michel Barnier" et n'est de façon générale "pas favorable à des hausses d'impôts." En revanche, "il faut qu'on arrive à s'engager sur de la baisse de dépense."
"La République c'est d'abord l'égalité"
Aurore Bergé regrette les dernières déclarations de Marc Zuckerberg. "Donald Trump n'est pas encore investi qu'il anticipe et se met complètement dans sa roue." Ce revirement est loin d'être anodin car les réseaux sociaux, dont ceux de Meta, "façonnent notre manière de regarder le monde. " "Ca déforme la manière avec laquelle ils peuvent appréhender ces notions de respect, d'égalité entre les hommes et les femmes. Les femmes subissent beaucoup plus d'attaques, et des attaques d'un autre type."
Mark Zuckerberg veut "reviriliser" Meta : "Je trouve ça très inquiétant. Il se met dans la roue de Donald Trump (...) Il ne faut tomber ni dans le wokisme ni dans le virilisme" selon @auroreberge pic.twitter.com/7wPjJ9dZuo
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Face à cette menace, Aurore Bergé rappelle que "la République c'est d'abord l'égalité. C'est pas le wokisme, c'est pas non plus le virilisme parce que c'est contraire à notre doxa d'égalité." Elle se dit également préoccupée par "la question du fléau que représente la pornographie pour nos adolescents." C'est en effet un "contenu d'images que vous ne savez pas décoder", qui ont "évidemment" un impact. "Ces plateformes ont un impact majeur sur la manière dont le monde est façonné "
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