Karima Meziene, avocate au barreau de Marseille et représentante du collectif des familles des victimes, était l’invitée de Benjamin Glaise dans c’est à la Une sur Sud Radio. Elle évoque la dégradation de la situation à Marseille alors que la ville bat, avec 33 morts par balle, le record de 31 morts datant de 2016.
Karima Meziene : "On regrette fatalement que le bilan à Marseille ne fasse que s’alourdir"
"On voyait venir la dégradation ces derniers temps, on avait tenté de tirer la sonnette d’alarme", rappelle Karima Meziene. "Ça allait de mal en pis. On regrette fatalement que le bilan ne fasse que s’alourdir et que les autorités ne parviennent pas à éradiquer le phénomène. Je pense qu’on est dans un état de non droit. Sur Marseille, on a beau nous dire qu’on agit, ça me parait encore être trop insuffisant. Y a des facteurs multiples, ça c’est certain. Probablement une désertion des pouvoirs publics. Probablement aussi une précarité du logement qui fait qu’on vit dans des quartiers un peu ghettoïsés et donc forcément, ça a participé à tout cela".
"Mais il y a surtout toujours une violence qui se gangrène un peu plus. On n’a pas des cibles visées… On a de plus en plus de victimes collatérales, complète Benjamin Glaise. Tous les jours on fait les gros titres, tous les jours on nous dit : 'c’est des personnes qui n’étaient pas impliquées, ils ont juste la malchance de vivre dans des quartiers'. Oui il y a un mal-logement où il y a un mal vivre".
📣 Marseille : 33 morts par balles en 2022, du jamais-vu depuis 20 ans
🗣️@KarimaMeziene "Les autorités n’arrivent pas à éradiquer le phénomène. La violence se gangrène toujours un peu plus. Dans les quartiers, ça tire en rafale avec des kalachnikovs !"
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— Sud Radio (@SudRadio) December 28, 2022
Il y a une impunité évidente et cette impunité ne fait qu’aggraver les choses
"On ne lâchera rien", c’est ce qu’annonçait Emmanuel Macron en 2021. "Je ne sais pas si ce ne sont que des effets d'annonce mais aujourd'hui on n'en voit pas le résultat tout simplement, explique Karima Meziene. Donc c’est que c’est inefficace. Il y a un vrai plan qui doit être mis en place et c’est un plan qui doit être discuté avec tous les acteurs de terrain. À mon sens la réponse c’est de lutter contre la précarisation du mal logement, de renforcer l’éducation sur ces secteurs-là, de permettre à ces jeunes de pouvoir avoir accès à la culture plus facilement. Faut quand même voir les conditions dans lesquelles ils vivent. Je ne pensais pas que ce type de quartiers existait en France".
"Le tri des dossiers par la police, c’est une triste réalité aussi. Notre premier combat était celui-là. Nous sommes convaincus effectivement que parce que les assassinats restent impunis, ça ne s’arrêtera pas. Ces assassins ne vont pas en prison donc ils peuvent continuer librement. Quand même 46% de taux d’élucidation, c’est quand même formidable. Certes mais ça veut dire surtout qu’il y a plus de la moitié des assassinats qui ne sont pas élucidés. Ce n’est pas satisfaisant parce que c’est toujours plus de la moitié des assassins quoi restent en liberté. On se rend compte qu’il y a une impunité évidente et que cette impunité, ça ne fait qu’aggraver les choses. Il ne faut pas oublier que les dossiers s’enlisent dans les tribunaux. Moi j’ai pu échanger avec des inspecteurs de la police judicaire et ils nous disent qu’ils manquent d’effectifs et qu’ils font des priorisations sur les dossiers, ils n’ont pas le choix. Ils sont aussi soumis à une politique du chiffre. Leur direction les oblige aussi à avoir un minium de résultats. L’enjeu, c’est que le dossier aboutisse au final à une condamnation".
"Les éducateurs se font menacer, les parents se font menacer. Qu’on veuille dire c’est la responsabilité des parents c’est surtout qu’on veuille fermer les yeux sur la réalité du terrain", conclut Karima Meziene.
📣 #Violence : faut-il pénaliser les parents de mineurs délinquants ?
🗣️@KarimaMeziene : "Les parents ne sont pas responsables ! Exemple, à Marseille, un jeune qui ne voulait pas entrer dans un réseau a pris des coups de batte de baseball ! Les jeunes sont obligés, menacés !" pic.twitter.com/eAfczrJV7F
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