De Nairobi à Paris, en passant par Buenos Aires et Santos, au Brésil, ces lieux si différents nous rappellent une réalité : la perte de décence et de sacré, une marque implacable de notre époque.
Commençons par Nairobi. Paris Match a récemment publié, avant de se rétracter, une photo de Marine Le Pen, en larmes dans le couloir d’un avion, apprenant la mort de son père. Une image que la décence et la déontologie journalistique auraient dû prohiber. Qu’importe la notoriété de l’individu, chacun a droit à l’intimité et au respect dans la douleur.
Ce choix éditorial est d’autant plus critiquable que la date de publication, le 8 janvier, n’était pas anodine. Ce jour marquait le 29ᵉ anniversaire de la mort de François Mitterrand. Paris Match, à l’époque, avait déjà franchi les limites en publiant des photos de l’ancien président sur son lit de mort. Une abjection qui confond information et voyeurisme. Manifestement, certains n’ont toujours pas compris que journalisme ne rime pas avec indécence.
Cette perte de décence n’est pas exclusivement française, ni réservée aux journalistes. Buenos Aires nous offre un autre exemple, tout aussi choquant. Lors de la mort de Diego Maradona, des employés d’un funérarium ont cru bon de publier des selfies devant le cercueil ouvert de la légende du football. Une ignominie qui avait, à juste titre, scandalisé le monde entier.
Mais le comble fut atteint lors des funérailles d’une autre icône du football, Pelé. Gianni Infantino, président de la FIFA, s’est lui-même prêté à ce jeu malsain, réalisant un selfie près du cercueil du "Roi du football". Pour justifier son geste, il a expliqué : « Les coéquipiers de Pelé m’ont demandé de faire un selfie, mais ils ne savaient pas comment. J’ai donc pris le téléphone de l’un d’eux et fait la photo pour les aider. Si cela génère des critiques, je les accepte. »
Peut-être faudrait-il rappeler une évidence : les pages légendaires du football s’écrivent sur un rectangle vert, pas à côté d’un cercueil.
« Ô tempora, ô mores », déplorait Cicéron dans l’Antiquité. Plus de vingt siècles plus tard, cette citation reste tristement actuelle. Notre époque, en quête perpétuelle de sensationnel, sacrifie sur l’autel du spectacle ce qu’il reste de respect et de sacré.
Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. La décence ne doit pas être un concept désuet, mais une valeur universelle, nécessaire pour préserver un minimum d’humanité dans nos sociétés.
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