Des caricatures… mais pas pour tout le monde
Sur le papier, l’initiative semble louable : sensibiliser les jeunes à la laïcité par le biais d’une pédagogie illustrée, incluant des caricatures de diverses religions. Cependant, un détail soulève un malaise. Si Jésus, figure centrale du christianisme, et Machiah, le prophète attendu du judaïsme, peuvent être caricaturés, Mahomet, le prophète de l’islam, serait quant à lui exempté de cet exercice.
Cette disparité soulève une question fondamentale : comment prétendre traiter toutes les religions de manière égale, tout en établissant une hiérarchie implicite entre elles ? Philippe David n’hésite pas à pointer l’incohérence : si toutes les religions sont égales face à la laïcité, pourquoi certaines bénéficient-elles de traitements de faveur ?
Retour sur l’esprit de « Je suis Charlie »
L’éditorialiste rappelle l’élan d’unité nationale qui avait suivi les attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015. À l’époque, presque tout le monde clamait « Je suis Charlie », en soutien à la liberté d’expression et au droit à la caricature, même des figures religieuses. Pourtant, quelques années plus tard, cette solidarité semble vaciller.
Pourquoi, s’interroge-t-il, une telle frilosité lorsqu’il s’agit de caricaturer Mahomet, alors que d’autres religions ne bénéficient pas des mêmes scrupules ? Est-ce de la peur ? Une forme de lâcheté ? Pour Philippe, la réponse est un mélange des deux, un constat qu’il trouve préoccupant.
Une discrimination à double sens ?
Au-delà du débat sur la liberté d’expression, Philippe David met en lumière une autre problématique : celle d’une discrimination inversée. En épargnant l’islam de ces caricatures, ne crée-t-on pas une injustice envers les autres religions ?
En adoptant ce « deux poids, deux mesures », les promoteurs de cette initiative s’exposent à des accusations de favoritisme envers une religion au détriment des autres. Cela pourrait engendrer des revendications légitimes de la part des croyants juifs ou chrétiens, qui pourraient estimer subir une forme de mépris symbolique.
La laïcité en péril ?
Philippe David rappelle avec force un principe fondamental : en France, le délit de blasphème a été aboli en 1791. Dès lors, pourquoi s’autocensurer ? Pour lui, la laïcité implique le droit de critiquer ou caricaturer toutes les croyances, sans exception. En édulcorant le discours pour ne pas « choquer », la démarche s’éloigne de cet idéal républicain.
Il fait également le lien avec l’assassinat tragique de Samuel Paty, professeur tué pour avoir présenté des caricatures à ses élèves. Les hommages rendus à cet enseignant courageux semblent aujourd’hui vides de sens face à cette frilosité.
Une leçon de l’histoire ignorée
Philippe David conclut avec une citation de Winston Churchill, qu’il estime tristement prophétique : « Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre. » Pour lui, en s’écartant de l’esprit du 7 janvier 2015, la France court le risque de sacrifier ses principes fondamentaux sur l’autel de la peur ou du calcul politique.
Dans un contexte où la laïcité est mise à rude épreuve, il invite à réfléchir sur ce que signifie véritablement « être Charlie » et sur l’importance de traiter toutes les croyances avec la même exigence républicaine.
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