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L’église en croisade contre l’Opéra urbain de Toulouse 

Par Luc Boué-Lahorgue

À Toulouse, l'opéra urbain "Le Gardien du temple - La Porte des ténèbres" de la compagnie La Machine divise. L’arrivée de Lilith, déclenche une levée de boucliers du côté de l'Église locale. De leur côté, les artistes défendent une œuvre qui cherche à rassembler les Toulousains autour d'une fiction audacieuse.

Operators work on Lilith, the guardian of darkness, built for the Hellfest metal festival, in Toulouse, southwestern France, on October 15, 2024. - "Lilith" is one of the characters in the urban opera of the French company La Machine entitled "The Guardian of the Temple opus II: The Portal of Darkness", which will be presented on October 25, 26 and 27 in Toulouse. This spectacle is considered dark, even diabolical by the Archbishop of Toulouse who consecrated the city on October 16, 2024 to protect it. (Photo by Lionel BONAVENTURE / AFP)

Du 25 au 27 octobre, la compagnie La Machine investit les rues de la ville rose pour la deuxième édition de son opéra urbain intitulé "Le Gardien du temple - La Porte des ténèbres". Le spectacle est au cœur d'une controverse à cause de la présence d'une figure mécanique mi-femme, mi-scorpion : Lilith. Cette figure légendaire, aujourd'hui empreinte de féminisme, suscite l’inquiétude de l’Église locale.

Entre polémique et mythologie

Pour ce nouvel opus de "La Machine", le directeur artistique François Delarozière a imaginé une mise en scène spectaculaire avec des créatures géantes : Astérion le Minotaure, Ariane la Grande Araignée, ou encore Lilith, mi-femme, mi-scorpion. Décrite comme "la gardienne des ténèbres", elle provient de la mythologie mésopotamienne et des légendes juives. Considérée comme la première femme d'Adam, elle le quitta car elle refusait de lui obéir et prônait l'égalité entre les sexes. Elle partit de jardin d'Eden et rencontra Satan, à qui elle s'unit dans une seconde noce, devenant la reine des démons. Ce n'est pas la première représentation de cette machine qui était déjà présente cette été au festival Hellfest de Clisson.

Post de présentation sur X du spectacle "La porte des ténèbres."

Une figure controversée, source de tensions avec l’Église

L'archevêque de Toulouse, Monseigneur Guy de Kerimel, a critiqué dans les colonnes du Parisien la dimension sombre de l’événement. Selon lui, cette représentation n’apporte pas la positivité dont le monde a besoin en ce moment. La présence de Lilith, perçue dans la tradition chrétienne comme un démon séducteur, ainsi que des figures inquiétantes comme le Minotaure, a poussé l’archevêque à organiser une cérémonie religieuse le 16 octobre à l’église du Sacré-Cœur pour "repousser les ténèbres". Monseigneur de Kerimel n'est pas le seul à manifester son opposition : plusieurs Églises protestantes locales ont également critiqué l’événement, appelant les autorités à davantage de discernement dans le soutien aux manifestations culturelles.

Post de présentation sur X du spectacle "La porte des ténèbres."

Lilith : symbole féministe légendaire

Pour François Delarozière, ces critiques ne reflètent pas l'esprit du spectacle, rappelant que Lilith est devenue, au fil des siècles, une figure d’indépendance et de résistance pour certains mouvements féministes. Cette relecture de Lilith, dépasse depuis de nombreuses années sa dimension démoniaque. Dès la fin du XIXème siècle, l'écrivain écossais George MacDonald, dédie un roman à cette femme aux multiples facettes. HBO la met en scène dans la célèbre série True Blood comme étant la vampire originelle, véritable déesse pour cette race fantastique. Enfin, dans les jeux vidéo, la série Borderlands, la dépeint comme une puissante sirène. Un personnage avec des pouvoirs spécifiques uniques dans l'univers. François Delarozière souhaite interpréter librement à son tour la figure de Lilith dans le but de créer un rassemblement festif pour les habitants de Toulouse.

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