Née le 26 septembre 1988 à Vendôme, dans le Loir-et-Cher, Marie-Amélie Le Fur est une figure emblématique du handisport français. Amputée de la jambe gauche à l'âge de 15 ans suite à un accident de scooter, elle a su transformer cette épreuve en force, devenant l'une des athlètes paralympiques les plus titrées de sa génération.
Débuts en athlétisme et ascension
Passionnée par l’athlétisme depuis l’âge de 6 ans, Marie-Amélie Le Fur n’a jamais perdu cette flamme, même face à l’adversité. Après son accident en 2004, elle décide de reprendre l’entraînement à peine quatre mois plus tard. Dès ses débuts, elle se distingue par une détermination et une discipline exemplaires, qui lui permettent de rapidement progresser dans deux disciplines majeures : le sprint et le saut en longueur. Très vite, elle attire l’attention d'un entraîneur, Jean-Baptiste Souche, qui deviendra le coach de l’équipe de France d’athlétisme handisport en 2007.
Seulement deux ans après son accident, en 2006, Marie-Amélie participe à ses premières compétitions internationales dans la catégorie T44 (destinée aux athlètes dont le mouvement d'une partie inférieure de la jambe est légèrement ou modérément limité). Son ascension est fulgurante : cette année là, elle décroche trois médailles d’argent aux championnats du monde handisport, à Assen, aux Pays-Bas, dans les épreuves du 100 mètres, du 200 mètres et du saut en longueur.
Une légende forgée sur les podiums paralympiques
Marie-Amélie Le Fur fait ses débuts aux Jeux paralympiques en 2008 à Pékin, où elle brille dès ses premières courses. Elle décroche deux médailles d'argent, l'une sur 100 m et l'autre sur 200 m. Mais ces victoires ne sont que le départ d’une course dont l’arrivée la propulsera dans l’histoire.
2011 : première consécration de sa carrière, elle devient double championne du monde. Elle décroche une double médaille d'or lors du 100 m et du 200 m à Christchurch, en Australie. Après ce triomphe mondial, Marie-Amélie Le Fur se prépare à briller sur la plus grande scène sportive au monde : les Jeux paralympiques. Un an plus tard, aux Jeux de Londres de 2012, elle atteint la consécration ultime : sa première médaille d’or sur le 100 m T44, inscrivant son nom parmi les grandes figures de l'athlétisme paralympique.
Trois ans plus tard, en 2015, elle confirme une fois de plus sa domination mondiale lors des Championnats du monde de Doha, au Qatar. Elle y décroche deux nouvelles médailles d’or : l’une au 400 m et l’autre en saut en longueur, rejoignant ainsi le cercle très fermé des handisportifs plusieurs fois champions du monde au cours de leur carrière.
En 2016, seulement un an après son double exploit mondial, Marie-Amélie Le Fur réalise un véritable exploit lors des Jeux Paralympiques de Rio. Non seulement elle décroche deux médailles d’or, mais elle établit également deux records du monde : un saut en longueur T44 de 5,83 m et un 400 m bouclé en 59,27 secondes. Elle complète ce triomphe par une médaille de bronze sur le 200 m T44, gravant à jamais sa place dans le marbre des plus grands champions de sa génération.
Engagement pour le handisport et leadership
En décembre 2018, Marie-Amélie Le Fur est élue présidente du Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), succédant à Emmanuelle Assmann. À 30 ans, elle devient la première athlète en activité à occuper cette fonction.
Sous sa direction, le CPSF s'engage activement dans la promotion du handisport en France. L'une de ses priorités est de favoriser l'accès au sport pour les personnes en situation de handicap, en collaborant étroitement avec les 48 fédérations membres pour développer des offres sportives adaptées à tous les types de handicaps, qu'ils soient moteurs, sensoriels, intellectuels ou psychiques. Son leitmotiv : « Agir pour que chacun puisse trouver sa place ».
Son engagement vise à transformer durablement la société en la rendant plus inclusive, notamment en améliorant l'accessibilité des infrastructures sportives et en changeant le regard du public sur le handicap. Les Jeux Paralympiques de Paris 2024, organisés sous sa présidence, ont été l'occasion de franchir un cap en matière d'accessibilité et de sensibilisation, contribuant à une évolution positive des mentalités.
Marie-Amélie Le Fur incarne bien plus qu’une championne. À travers ses exploits paralympiques, son leadership au sein du Comité Paralympique et Sportif Français, et son engagement pour une société plus inclusive, elle a su repousser ses propres limites tout en redéfinissant le regard de la société sur le handicap et la performance. Athlète d’exception, elle a marqué l’histoire du handisport avec des performances mémorables et un palmarès impressionnant. Mais son héritage va au-delà des podiums : par sa détermination, sa résilience et son combat pour l’accessibilité, elle inspire non seulement les athlètes en devenir, mais aussi tous ceux qui croient en un monde plus juste et ouvert. Marie-Amélie Le Fur, c’est une voix forte, une présence lumineuse et une figure incontournable du sport français.