Oui, ces mêmes salles où l’on assiste, parfois dans un silence pesant, à une étrange tragédie : celle d’un cinéma qui s’acharne à produire des navets… avec votre argent.
Pourquoi cette mise au point ? Parce que depuis une dizaine de jours, Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire, est clouée au pilori. Son crime ? Avoir osé réduire les subventions à la culture. L’apothéose de ce lynchage médiatique a été atteinte avec la Une de Libération, qui l’a représentée, tronçonneuse en main, pastichant l’affiche du film d’horreur Massacre à la tronçonneuse. Le titre ? Massacre à la création. Rien que ça. La région Pays de la Loire est donc accusée de décimer la culture, le tout orchestré par une « réalisatrice » de choc : Christelle Morançais, également numéro deux du parti d’Édouard Philippe.
Et moi, je dis stop. Stop à cette hypocrisie. Parce que le vrai massacre, il est ailleurs : dans les subventions publiques à un cinéma français qui produit trop, et surtout trop mal. Écoutez bien les chiffres, car ils valent mieux que tous les grands discours.
⚡️ Le coup de gueule de @PhDavidMtb contre les subventions qui ne se justifient pas comme le cinéma ! pic.twitter.com/tBf1lTZ3qE
— Sud Radio (@SudRadio) December 27, 2024
Les chiffres d’un naufrage
Prenons les films sortis ces derniers jours. Le Déluge, avec Guillaume Canet et Mélanie Laurent, un budget de 7,3 millions d’euros pour une moyenne de… 9 spectateurs par séance. Oui, vous avez bien lu. Ensuite, Planet B, avec Adèle Exarchopoulos, 5,7 millions d’euros investis pour attirer royalement 7 spectateurs par séance. Et ce n’est pas tout : Les Cadeaux, une comédie avec un casting quatre étoiles — Gérard Darmon, Camille Lellouche, Mélanie Doutey, Chantal Lauby, Max Boublil et Tom Leeb — a récolté 8 spectateurs par séance, malgré un budget confortable de 4 millions d’euros. Des bides, des échecs, des trous béants que les subventions viennent remplir… avec nos impôts.
Et puis il y a l’inénarrable Les Femmes au Balcon, réalisé par Noémie Merlant. Ce film, sorti le 11 décembre, se voulait une dénonciation du patriarcat, qu’il prétendait « découper en petits morceaux ». Une belle ambition, mais les morceaux se sont évaporés avec les spectateurs : 12 personnes par séance, pour un budget de 3,5 millions d’euros. Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes.
Le vrai courage politique
Alors, au lieu de conspuer Christelle Morançais, il faudrait la remercier. Oui, remercier cette élue qui a eu le courage de brandir une tronçonneuse — métaphorique, bien sûr — pour couper dans ces subventions. Les films qui n’attirent personne et qui sont incapables de se rentabiliser doivent-ils être financés à coups de millions d’euros d’argent public ? Je dis non. Les navets, afuera ! Et bravo à la page Twitter Destination Ciné, qui se donne la peine de recenser chaque semaine ce qu’on fait de nos deniers au nom de la culture.
Alors, Madame Morançais, continuez. Gardez cette tronçonneuse en main et tranchez dans le vif. Car ce n’est pas la création qui est massacrée. Ce qui est massacré, ce sont nos finances, notre bon sens, et peut-être même notre amour du vrai cinéma.
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