Michel Barnier a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron. Est-ce un choix judicieux ? Comment comprendre les réactions politique au lendemain de cette nomination ? Eléments de réponse avec Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire.
Michel Barnier, une nomination sous contrainte
Après deux mois de tergiversations et des semaines de consultation, c’est finalement Michel Barnier qu’Emmanuel Macron a choisi pour occuper le siège de chef du gouvernement. Pour Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne et rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, "c’est une nomination sous contrainte". "Ce n’était pas le choix privilégié à l’origine par le président de la République. Il a d’abord esquivé les demandes du Front populaire. Ensuite on voyait bien l’hypothèse d’un choix entre Cazeneuve et Bertrand" ajoute-t-il.
Pourquoi alors se rabattre sur Michel Barnier ? Pour deux raisons, estime le politologue. "La première, c’est qu’il veut éviter absolument le couperet d’une motion de censure immédiate qui viendrait stopper soudainement l’expérience gouvernementale d’un Premier ministre nouvellement nommé. Il le fait aussi car il a besoin a minima de la neutralité bienveillante du premier groupe parlementaire de l’Assemblée nationale, à savoir le Rassemblement national" lance Arnaud Benedetti.
Un succès tactique pour Marine Le Pen
Cette nomination et les difficultés qui l’ont précédée représentent pour Arnaud Benedetti, "un succès tactique pour Marine Le Pen". "D’une certaine manière, elle a mis un droit de veto informel sur la nomination de Monsieur Bertrand, et de Monsieur Cazeneuve. Le choix de Barnier est un choix qui apparaît compatible en surface avec le président de la République. Mais c’est un choix qui permet de cocher un certain nombre de cases".
"Quand on regarde la carrière de Michel Barnier, il est sur trois échelles. C’est un élu local. C’est un élu national. Il a été quatre fois ministre. Et il a une expérience internationale. Il a été commissaire européen et négociateur pour le Brexit. A l’heure où la Commission européenne a lancé une procédure contre la France pour déficit excessif, la personnalité de Monsieur Barnier peut être utile" conclut Arnaud Benedetti.
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