C’est par un communiqué de presse que Ouest-France a annoncé, le mardi 19 novembre, son retrait du réseau social X. Pour le média, il ne s’agit pas d’une disparition totale, mais d’une mise en pause : aucun article du quotidien ne sera désormais publié ou partagé sur la plateforme. L’élément déclencheur de cette décision est l’exemple du journal britannique The Guardian, qui a cessé toute publication sur X en dénonçant un climat de toxicité. En France, d’autres médias, comme Sud Ouest, ont rapidement suivi.
Pour Sébastien Grosmaitre, rédacteur en chef d’Ouest-France, cette décision s’inscrit dans une démarche de protestation contre le manque de régulation et la modération déficiente sur X :"Le média est attaché aux valeurs démocratiques, aux débats apaisés et à la lutte contre la désinformation et le harcèlement." Le 27 octobre 2023, Ouest-France avait déjà manifesté son mécontentement en suspendant temporairement ses publications sur la plateforme. Avec cette annonce, le journal franchit un pas supplémentaire.
Une décision symbolique mais stratégique
Cette décision, mûrement réfléchie depuis un an, ne prend effet que récemment. Elle se veut avant tout symbolique, car X ne représentait qu’environ 1 % de l’audience d’Ouest-France, qui touche chaque mois 2,5 millions de lecteurs."Twitter (X) ne doit pas être incontournable," explique Sébastien Grosmaitre, ajoutant : "C’est devenu l’agence mondiale des personnalités politiques." Il pointe également l’absence de contradiction constructive sur la plateforme, phénomène accentué depuis le rachat de Twitter par Elon Musk. À l’approche des élections américaines, cette polarisation devient encore plus évidente. "Si Elon Musk favorisait un débat apaisé, cela changerait la donne," ajoute-t-il.
L’éducation à l’information en question
Ce retrait pose la question de la capacité des réseaux sociaux à informer efficacement le public. Selon Ouest-France, la défiance croissante des lecteurs envers les journalistes découle d’une érosion de l’éducation à l’information, aggravée par les dérives observées lors de la pandémie de Covid-19. "Cela reste un canal d’information important," reconnaît toutefois Sébastien Grosmaitre. Ainsi, Ouest-France prévoit de maintenir une veille sur X tout en explorant des alternatives comme Bluesky, une plateforme qui semble offrir une modération plus rigoureuse et des options comme la suppression des commentaires.