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"Le programme du RN, c’est du foutage de gueule", dénonce Bruno Le Maire

Par Adélaïde Motte

"Le programme du RN, c'est du foutage de gueule", selon Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Il était “L’invité politique” sur Sud Radio.

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Bruno Le Maire interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 13 juin 2024, dans “L’invité politique”.

Front Populaire, alliance entre Éric Ciotti et le RN, programme économique du RN, bilan d'Emmanuel Macron : Bruno Le Maire a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Taxer les véhicules électriques chinois, "une décision courageuse de la Commission européenne"

Alors que la Commission européenne vient de décider de taxer les véhicules électriques chinois, Bruno Le Maire estime que "c'est une bonne décision, une décision courageuse de la Commission européenne, ça fait des années qu'on attend ça." Selon lui, cette décision "rétablit le rapport de force" face à une Chine qui subventionne ses véhicules pour ensuite les vendre "à prix cassés sur le marché européen". "Je vais appeler mes homologues européens à soutenir cette décision qui doit encore être adoptée, la France se prononcera pour. Je voudrais que chaque État membre comprenne qu'il faut rétablir le rapport de forces."

Bruno Le Maire se félicite par ailleurs de la reprise du nucléaire en France avec "six EPR qui vont être construits". "Toutes les majorités précédentes ont voulu renoncer au nucléaire, un des atouts de compétitivité française. Ça me paraît une bonne chose, une électricité décarbonée et un coût raisonnable. On a produit plus d'électricité donc elle va être moins chère." Quant au décret concernant l'assurance-chômage, qui permet aux bénéficiaires de recevoir un montant plus important sur une période plus courte, "il sera publié après les élections législatives, lorsque nous aurons discuté avec tous ceux qui seraient prêts à rejoindre une majorité sur un objectif clair". "C'est ce qui va nous permettre d'atteindre le plein emploi, je suis favorable à cette réforme."

Alliance entre le RN et LR : "C'est une ligne rouge absolue qui vient d'être franchie"

Face à l'alliance entre Éric Ciotti, président des Républicains, et le RN, et face au rejet de cette alliance par les cadres des Républicains, qui ont exclu Éric Ciotti du parti lors d'un Bureau politique dont ce dernier conteste la légitimité, Bruno Le Maire déplore "un message de grand-guignolesque et de tragique". "C'est une ligne rouge absolue qui vient d'être franchie", dénonce-t-il, louant une "attitude très digne de toutes les autres grandes figures des Républicains. Il n'en manque pas un à l'appel." Bruno Le Maire "souhaite que des élus, des sympathisants puissent nous rejoindre dans les jours qui viennent. Nous nous retrouvons sur les valeurs les plus fondamentales, la baisse de l'impôt sur les sociétés, la réforme des retraites, de l'assurance-chômage. Est-ce qu'il y a un seul élu de la droite républicaine qui peut dire que ce n'est pas ce qu'il aurait voulu faire s'il avait été au pouvoir ?"

La situation est d'autant plus déplorable pour Bruno Le Maire que "ce sera le grand renoncement, regardez sur la réforme des retraites." Il répète que, sur à peu près tous les sujets, "le Rassemblement National se fout de la gueule de ses électeurs, ils ne feront rien", que ce soit sur la réforme des retraites, la taxe sur l'essence ou l'impôt sur le revenu pour les moins de 26 ans. Quand aux électeurs, si Bruno Le Maire "comprend leur colère, leur inquiétude", il leur dit "regardez cinq minutes les renoncements." Quant à l'audit des comptes promis par Bardella, il s'agit pour lui d'un "prétexte pour ne rien faire, dire qu'on savait pas que les comptes étaient en aussi mauvais état. Ils savent très bien qu'il faut maintenant faire des économies parce qu'on a beaucoup protégé avant."

À l'opposé du RN, le Front populaire est une "aventure nauséabonde"

Qu'en est-il du Front populaire, qui rassemble les partis allant du Parti socialiste au NPA, Bruno Le Maire "regarde ça avec désolation pour des électeurs social-démocrates", "c'est une aventure nauséabonde dans laquelle beaucoup d'électeurs socio-démocrates ne peuvent pas". "Rarement la menace antisémite a été aussi élevée dans notre pays", affirme Bruno le Maire qui rappelle que les députés de la France insoumise se sont "systématiquement opposés aux textes contre le séparatisme islamique."

En cas de second tour entre le Front populaire et le RN, qui choisir ? "J'espère bien ne pas avoir à faire le choix, les deux sont aussi mauvais pour la France. Nous sommes en campagne, je vais me battre comme un lion aux côtés de tous les membres de la majorité." Bruno Le Maire "fait confiance aux Français" et espère ne pas avoir à faire un "choix délétère entre l'extrême-droite et l'extrême-gauche". "J'en appelle à la prise de conscience de nos compatriotes, défendons la seule ligne claire, il faut être au combat, au front". "Ce qui est menacé de disparition c'est notre unité nationale", alerte-t-il, entre une accession de l'extrême-droite au pouvoir qui génèrerait des "risques de violences" et "une extrême-gauche qui fait l'apologie du terrorisme, qui diffuse des propos antisémites matin midi et soir dans la société française." Sans compter que "si vous arrivez avec un programme LFI ou RN, ils ont un grand point commun, ils ouvrent tout grand les vannes de la dépense publique."

"Nous avons transformé l'économie française"

Bruno Le Maire tient également à défendre le bilan des sept ans d'Emmanuel Macron au pouvoir. Alors qu'il était arrivé aux mannettes d'un pays "qui était totalement désindustrialisé, qui n'était pas attractif pour les investissements étrangers, qui avait pris du retard sur l'intelligence artificielle", aujourd'hui "la France est une nation forte, elle est solide. Nous avons transformé l'économie française, c'est redevenu une économie de production, innovante et décarbonée". "Il faut que cette élection soit un sursaut national, bien entendu qu'il faut plus d'ordre, plus d'autorité, bien sûr qu'il faut parler plus de culture nationale. Nos compatriotes n'en peuvent plus d'être pris en étau entre le wokisme et l'islamisation politique."

"Nous avons créé du travail", rappelle Bruno Le Maire, qui admet que "ces emplois doivent être mieux payés", et mentionne notamment "l'exonération des charges sur les heures supplémentaires", sur laquelle il souhaite aller plus loin, en exonérant "encore plus d'heures supplémentaires." Il regrette également "un effet de seuil", avec des Français qui, parce qu'ils sont payés 100 euros de plus, coûtent 400 euros de plus à leur employeur et sont tout à coup soumis à l'impôt sur le revenu. "Il faut que les allègements de charges soient mieux dirigés vers ceux qui gagnent peu et ont besoin de gagner plus."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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