Fraîchement nommé, le nouveau Premier ministre s'est exprimé dimanche dernier au 20 heures de France 2 et a exposé les premières orientations de son gouvernement. Impôts, retraites, lois sociétales... parmi tous ces grands sujets, Michel Barnier a également annoncé son désir de faire de la santé mentale "la grande cause nationale en 2025". On en parle avec le Dr Christophe Schmitt, psychiatre et président de la Conférence Nationale des établissements spécialisés en psychiatrie.
Santé mentale : "il y a eu un avant et un après Covid" !
Faire de la santé mentale une grande cause nationale, une bonne nouvelle pour le secteur ? "Oui", affirme le Dr Christophe Schmitt ! Selon lui, l'annonce de Michel Barnier soulève l'importance de "mettre le focus" sur le bien-être mental de la population française. Pour rappel, actuellement, 13 millions de Français souffrent de troubles psychiques et psychiatriques, selon une étude réalisée par l'Université de Bordeaux en mars dernier.
L'occasion pour le Dr Christophe Schmitt de rappeler que la prise de conscience sur la santé mentale a été possible grâce à la "période Covid". Depuis, précise-t-il, les professionnels du secteur continuent de constater"l'augmentation des demandes de soins". Au micro de Maxime Trouleau, le psychiatre est formel : "Il y a eu un avant et un après Covid, en particulier pour les adolescents et les jeunes adultes". Une affirmation qui confirme les résultats de l'étude de l'Université de Bordeaux publiée en mars dernier, selon laquelle 42% des jeunes de 18 à 24 ans souffrent de dépression modérée à sévère.
Quelles sont les attentes du secteur ?
Ainsi, l'annonce de Michel Barnier concernant la santé mentale semble tomber à point nommé ! Mais quelles sont les réelles attentes du secteur ? "Le défi aujourd'hui [consiste à] construire une offre de soins graduée qui permet à tous d'accéder aux soins, quel que soit l'endroit", explique le Dr Christophe Schmitt.
À l'heure actuelle, il existe "3100 centres médico-psychologiques en France, dont 1300 qui sont ciblés sur les enfants et les adolescents. [À eux seuls, les centres dédiés aux enfants et aux adolescents] génèrent 26,6 millions d'actes par an. C'est très conséquent, mais pas suffisant pour pouvoir permettre à tous d'être soignés de façon équitable", regrette le psychiatre et président de la Conférence Nationale des établissements spécialisés en psychiatrie.
Une pénurie de psychiatres pourrait-elle être en cause ? Là est tout le paradoxe, selon le psychiatre. "Aujourd'hui, il y a 15 500 psychiatres en France. La plupart sont âgés, partiront bientôt à la retraite [et en règle générale, les psychiatres] sont inégalement répartis sur le territoire", explique le Dr Christophe Schmitt. "En parallèle, les besoins ont été grandissants ces dernières années. [D'autre part,] pour des pathologies plus légères, [mais qui requièrent tout autant d'être prises en considération,] on a [souvent] tendance à trop orienter [les patients] vers les psychiatres plutôt que vers les autres acteurs [du secteur]", poursuit-il.
Quelles solutions pour une meilleure prise en charge ?
En conséquence, pour désengorger le secteur de la psychiatrie et améliorer la prise en charge des patients, il apparaît donc nécessaire de "diversifier les acteurs [susceptibles de s'occuper des troubles psychiques et psychiatriques], comme les psychologues et les infirmiers de pratique avancée", déclare le Dr Christophe Schmitt. De plus, le président de la Conférence Nationale des établissements spécialisés en psychiatrie affirme "sur le plan de la prévention", "il y a [encore] énormément de travail à faire" à destination de la population française.
En attendant que le gouvernement applique concrètement des mesures en vue de faire de la santé mentale une "grande cause nationale", une date à retenir désormais : le 10 octobre, journée mondiale de la santé mentale !
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