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Santé : un nouveau médicament anti-obésité arrive en France !

Par Justine Houllé

Mardi 08 octobre, le géant pharmaceutique danois Novo Nordisk a lancé la commercialisation en France de son traitement vedette contre l'obésité, le Wegovy. Autorisé pour les adultes par l'Agence européenne des médicaments (EMA) depuis début 2022, seuls 10 000 patients en France avaient pu en bénéficier, et ce uniquement de manière précoce.

Une personne en surpoids ou en obésité se pèse sur un pèse-personne. Au sol, traîne un mètre pour prendre le poids.
Liudmila Chernetska de Getty Images

Aujourd'hui en France, selon l'étude épidémiologique nationale sur le poids et l'obésité réalisée par la Ligue nationale Contre l'Obésité, près de 10 millions de Français âgés de 18 ans ou plus sont en situation d'obésité. Un chiffre qui, en 2024, représente 18,1% de la population résidant en France métropolitaine et dans les Outre-mer, et qui ne fait qu'augmenter depuis plusieurs années. C'est donc dans ce contexte que mardi 08 octobre, le laboratoire Novo Nordisk a annoncé la commercialisation en France de son médicament phare contre l'obésité, le Wegovy. Conditions d'utilisation, prix, effets secondaires... on en parle avec le Dr Guillaume Pourcher, ex-responsable du Centre chirurgical de l'obésité à l'Institut Mutualiste Montsouris et auteur de "L'obésité, maladie du siècle : ni une faute, ni une fatalité" (XO Éditions).

Wegovy, LE médicament miracle pour lutter contre l'obésité ?

Tout juste arrivé en France, le Wegovy peut-il être le remède miracle pour tous les individus souffrant d'obésité ? La réponse ne semble pas si simple, d'après les explications du Dr Pourcher : "il n'y a pas de médicament miracle", même si les traitements destinés à lutter contre l'obésité "sont une chance pour les malades et pour les soignants". Néanmoins, le Wegovy, médicament star du laboratoire danois Novo Nordisk, produit des effets "très efficaces", poursuit l'ex-responsable du Centre chirurgical de l'obésité à l'Institut Mutualiste Montsouris : "aujourd'hui dans la Pharmacopée, on n'avait pas connu de médicament aussi efficace". Une avancée significative, donc ?

Pas tout à fait, nuance le Dr Guillaume Pourcher : dans l'immédiat, "les spécialistes de la maladie obésité ne peuvent pas prescrire ces médicaments du fait d'une limitation". En cause : les conditions requises pour pouvoir y prétendre sont nombreuses et très strictes. D'abord, le Wegovy n'est pas disponible en vente libre en pharmacie, mais uniquement sur ordonnance. Même si les renouvellements peuvent être réalisés par des médecins généralistes, la première demande de Wegovy doit impérativement avoir été prescrite par des médecins spécialistes en endocrinologie-diabétologie-nutrition ou par des titulaires de la formation spécialisée transversale “Nutrition appliquée”.

De plus, le traitement ne s'adresse qu'aux personnes de moins de 65 ans présentant un IMC d'au moins 35, c'est-à-dire lorsqu'une obésité dite sévère est constatée. Ensuite, le Wegovy n'intervient qu'en deuxième intention : en d'autres termes, il ne pourra être obtenu qu'après l'échec d'une première prise en charge nutritionnelle et physique. Avec ce fonctionnement, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui a édicté ces conditions d'utilisation eu égard aux recommandations de la Haute autorité de santé, souhaite éviter les détournements potentiels du Wegovy à des fins de 'simple' perte de poids.

Un traitement coûteux, aux "effets secondaires très graves".

Au-delà de l'encadrement intransigeant du Wegovy, le Dr Guillaume Pourcher précise que ce traitement est susceptible de provoquer des "effets secondaires très graves". Parmi les plus fréquents, l'ex-responsable du Centre chirurgical de l'obésité à l'Institut Mutualiste Montsouris cite les "troubles digestifs", comme par exemple la "pancréatite" ou les "problèmes de calculs dans la vésicule, qui nécessitent une intervention chirurgicale". Le Wegovy peut également entraîner un "risque plus élevé pour les personnes à tendance de cancer de la thyroïde" et entre autres, un "risque de déprime".

À l'heure actuelle, le Wegovy "n'est pas encore remboursé", ajoute le Dr Pourcher. Ainsi, pour une boîte de quatre injections, il faut compter entre 270 et 330 euros. Pour un médicament qui "ne marche pas chez tout le monde", c'est un sacré coût pour le portefeuille ! Dès lors, c'est l'occasion, pour l'ex-responsable du Centre chirurgical de l'obésité à l'Institut Mutualiste Montsouris, de rappeler que la "chirurgie de l'obésité est un traitement qui marche beaucoup mieux que tous les médicaments sur le marché aujourd'hui". Reste à savoir si la procédure pour y prétendre n'est pas, elle aussi, aussi exigeante que celle du Wegovy...

"L'obésité n'est pas une faute, mais bien une maladie chronique grave" !

À l'heure actuelle, plus d'un milliard de personnes dans le monde est atteinte d'obésité. Une situation préoccupante, que le Dr Guillaume Pourcher n'a de cesse de dénoncer depuis un certain temps. "L'obésité n'est pas une faute, mais bien une maladie chronique grave !", martèle-t-il au micro de Jean-Jacques Bourdin. Pour l'ex-responsable du Centre chirurgical de l'obésité à l'Institut Mutualiste Montsouris, il est crucial de faire la différence entre les "causes" et les "facteurs aggravants" de l'obésité. En effet, cette confusion est souvent à l'origine de la "stigmatisation de la maladie", qui entraîne, de fait, une "mauvaise considération" de ce que représente l'obésité.

En clair : "le comportement, la malbouffe, le manque d'activité physique, de sommeil, la mauvaise gestion des émotions sont des facteurs aggravants et non des causes" de l'obésité, détaille le Dr Guillaume Pourcher. Les causes de l'obésité sont, quant à elles, "beaucoup plus complexes" et, la plupart du temps, "d'ordre génétique, hormonal ou encore microbiotique". De même, le "trauma psychique" relève d'une véritable cause de la "maladie obésité" : autrement dit, il peut "dérégler le fonctionnement du corps et participer au déclenchement de la maladie".

Désormais, soutient le Dr Guillaume Pourcher, il est important de stopper la tendance à "culpabiliser le patient qui a cette maladie", et ce pour une raison très simple : "on ne guérit pas de cette maladie. Elle fait mourir !". De cette façon, l'ex-responsable du Centre chirurgical de l'obésité conclut en rappelant son combat de tous les instants : plaider pour qu'enfin, l'obésité soit reconnue comme une maladie chronique !

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