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Sébastian Roché : "L'école fabrique l’appartenance nationale"

Sébastian Roché, sociologue et criminologue, était l'invité de Thierry Steiner le 30 décembre 2022 sur Sud Radio.

Sébastian Roché
Sébastian Roché, invité de Thierry Steiner sur Sud Radio.

Sébastian Roché est l’auteur de "La nation inachevée: La jeunesse face à l'école et la police" (Éditions Grasset)

Sébastian Roché : "Si vous êtes en échec scolaire, mais qu’on vous promet la liberté, l’égalité et la fraternité, vous n’allez pas y croire"

Pourquoi ce lien, de prime abord inattendu, entre école et police ? "C’est l’école qui doit fabriquer la jeunesse, c’est ce que disait Jean Jaurès dans sa fameuse lettre aux instituteurs et institutrices. Pour la police c’est pareil : le pouvoir public met en avant l’idée que la police est la garante des règles communes, et en ce sens elle fabrique l’appartenance nationale", a expliqué Sébastian Roché.

 


Dans son livre Sébastian Roché pointe l’échec de l’école dans le développement de la citoyenneté. "Il y a l’expérience du cadre scolaire. Si l’enfant est dans un collège où il n’y a que des Nord-africains d’origine, les parents et lui-même se disent : on nous promet l’égalité et la fraternité, mais en fait on nous met dans un coin tous ensemble. Deuxième élément : la réussite scolaire. Si vous êtes bon à l’école, vous êtes valorisé à l’école et vous avez de meilleurs rapports avec vos professeurs. Du coup, vous croyez plus à l’enseignement. En revanche, si vous êtes en échec scolaire, si vous êtes exclu de l’école, si l’on vous promet la liberté, l’égalité et la fraternité, vous avez tendance à ne pas y croire."

"Si vous êtes scolarisé dans un collège ghetto, vous aurez du mal à croire à l’égalité"

"L’école concentre les pauvres dans certains établissements et ne fait pas réussir les personnes qui sont issues du bas de l’échelle sociale. Les enfants font cette expérience personnellement, et cela change leur relation à l’État. Comment voulez-vous connaître la nation ? Personne n’a jamais rencontré la nation, c’est une abstraction. Comment allez-vous penser appartenir à quelque chose que vous ne pouvez jamais voir ? Cela passe par les relations avec vos enseignants, votre chef d’établissement, les policiers. C’est comme ça que les enfants imaginent ce qu’est la République, ce qu’est la nation française, à travers des contacts quotidiens.

 


Si vous êtes scolarisé dans un collège ghetto, vous aurez du mal à croire à l’égalité. Si vous êtes contrôlé au faciès de manière régulière, vous avez aussi du mal à croire à l’égalité. Quand un policier vous discrimine, vous ne pouvez plus croire aux principes généraux. Or, la nation, elle existe parce qu’on y croit. Le jour où on ne croit plus en la nation française, elle n’existe plus. Il est donc important d’avoir cette croyance qu’on a quelque chose à faire ensemble", a poursuivi Sébastian Roché.


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Retrouvez "Mettez-vous d'accord" avec Thierry Steiner tous les jours à 10h30 sur Sud Radio.

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