single.php

Taxer les véhicules Chinois, une mauvaise approche ? 

Par Jean-Luc Moreau

Le 4 octobre, le Parlement européen a voté l’instauration d’une surtaxe sur les véhicules électriques importés depuis la Chine (une taxe de 10% est déjà en vigueur) malgré l’opposition de 5 pays dont l’Allemagne. Même sans majorité qualifiée, la commission, qui gère la politique commerciale des 27 états membres, a donc les mains libres pour imposer ces nouveaux droits de douane. Elle compte bien le faire à partir du 31 octobre.

La taxation des véhicules électriques fabriqués en Chine remet-elle en cause l’arrêt des ventes de voitures thermiques en 2035 ? 

La taxation des véhicules électriques fabriqués en Chine remet-elle en cause l’arrêt des ventes de voitures thermiques en 2035 ? 

Cette mesure fait suite à une longue enquête menée par la Commission européenne concernant les subventions supposées octroyées par Pékin aux constructeurs automobiles chinois. Elle a démontré que ces aides faussaient la concurrence sur un marché devenu stratégique.

Pour rééquilibrer la balance et défendre son industrie automobile et ses 14 millions d’emplois, l’Europe va instaurer des droits de douane supplémentaires pour tout véhicule électrique fabriqué en Chine et importé dans l’UE. Une mesure qui s’applique aussi aux modèles des constructeurs non chinois assemblés en Chine.

Vers quoi se dirige-t-on ? 

Concrètement, Tesla devra par exemple s'acquitter de 17,8 % de taxes sur les véhicules électriques exportés de Chine vers l'Europe, BYD de 27 %, Geely de 28,8 %. SAIC est la plus lourdement impactée et devra payer 45,3 %.

AUSTIN, TEXAS - SEPTEMBER 16: A Tesla Supercharging station is seen in a parking lot on September 16, 2024 in Austin, Texas. Expansion of Tesla's Supercharging stations have slowed as the company purses more public funding, and continues grappling with widespread layoffs. Brandon Bell/Getty Images/AFP (Photo by Brandon Bell / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)

En toute logique, Pékin s’oppose fermement à ce protectionnisme. Mais la Chine n’est pas la seule. Des constructeurs européens ont également critiqué la mesure. Volkswagen, premier constructeur européen, a ainsi dénoncé "une mauvaise approche pour la compétitivité de l’industrie européenne". Des analystes estiment également qu’il pourrait s’agir d’une décision contre-productive pour l’Europe.

Les objectifs climatiques de l’Europe remis en cause

Ces sanctions pourraient avoir un effet négatif sur les objectifs climatiques ambitieux fixés par l’Europe. Tout d’abord la Chine à la mainmise sur les terres rares qui servent, entre autres, à fabriquer les aimants permanents des moteurs électriques. En 2021, la commission européenne avait reconnu que 98 % des terres rares utilisées en Europe provenaient de l’empire du milieu. On peut imaginer des mesures de rétorsion allant de l’augmentation importante du prix de ces matières premières à la fermeture totale du robinet !

Chinese logo displayed on a laptop screen and BYD logo displayed on a phone screen are seen in this illustration photo taken in Krakow, Poland on July 31, 2024. (Photo by Jakub Porzycki/NurPhoto) (Photo by Jakub Porzycki / NurPhoto / NurPhoto via AFP)

Les deux plus grands constructeurs automobiles européens (Stellantis et Volkswagen) ont maintenant des participations significatives dans les marques chinoises de véhicules électriques. Qu’adviendra-t-il de ces partenariats ?

Les constructeurs automobiles allemands dépendent également fortement du marché automobile chinois, qui est le premier mondial. Si Pékin prenait des mesures de rétorsion, cela pourrait être catastrophique pour la majorité d’entre eux.

Peut-on vraiment se passer des véhicules électriques fabriqués en Chine ?

La réponse est clairement non si l’on veut maintenir l’objectif de l’arrêt des ventes de véhicules thermiques en 2035 ! En effet, les véhicules électriques fabriqués en Chine ont aujourd’hui un prix en moyenne inférieur de 20 % aux équivalents fabriqués en Europe. Si l’essentiel des constructeurs chinois a déclaré maintenir jusqu’à la fin de l’année les prix pratiqués aujourd’hui malgré l’augmentation des droits de douane, ce ne sera sans doute plus le cas en 2025.

Or, comme le montre l’étude annuelle du cabinet Deloitte, le prix reste le premier critère d’achat pour les consommateurs français qui envisagent d’acheter un véhicule. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne le véhicule électrique. Ainsi, le prix d’achat de 30 000 euros confirme son statut de plafond de verre. 62 % des Français déclarent ne pas vouloir dépasser ce seuil pour l’achat d’un véhicule électrique. Ils étaient 56 % en 2023 !

C’est tout le marché du véhicule électrique qui risque de s’écrouler

Si l’offre de véhicules électriques « à bas prix » fabriqués en Chine s’amenuise ou disparaît, c’est tout le marché du véhicule électrique qui risque de s’écrouler. Il s’est déjà fragilisé avec un retour d’appétence pour les véhicules thermiques. Désormais, 41 % des consommateurs considèrent que leur prochain véhicule sera thermique. On voit mal comment avec une telle courbe on pourrait arriver à zéro véhicule thermique vendu en 2035 ?

Retrouvez toute l'actualité de l'automobile sur notre page dédiée et rendez-vous tous les samedis avec Jean-Luc Moreau et Laurence Péraud dans On parle Auto sur Sud Radio.

Pour découvrir plus de vidéo de l'essai auto c'est par ici.

L'info en continu
22H
21H
20H
19H
18H
17H
16H
15H
13H
12H
Revenir
au direct

À Suivre
/