En France, 1 enfant meurt tous les 5 jours suite à des violences infligées par des parents ou des proches. Entièrement dépendants des adultes et, par conséquent, totalement vulnérables, les nouveaux-nés et nourrissons sont les catégories d'âge victimes le plus souvent de ce que l'on appelle le "syndrome du bébé secoué". Une violence volontaire, considérée comme la forme de maltraitance la plus mortelle et la plus handicapante pour les bébés. En effet, selon une étude de l'INSERM Necker, la majorité des bébés secoués ont moins de 6 mois et la plupart ont entre 2 et 4 mois. On en parle avec Aude Lafitte, présidente de l'association AVI, Action contre les Violences Infantiles.
1 bébé sur 5 ne survit pas aux traumatismes provoqués par le syndrome du bébé secoué.
Un acte "irréparable" : c'est ainsi qu'Aude Lafitte, au micro de Muriel Réus, qualifie le syndrome du bébé secoué. Une situation tragique que la présidente de l'association Action contre les Violences Infantiles (AVI) a elle-même vécu avec son bébé Timothé, âgé à l'époque d'à peine 2 mois. Victime du syndrome du bébé secoué, le fils d'Aude Lafitte "est décédé dans [ses] bras après 5 jours d'hospitalisation".
L'occasion pour la présidente de l'association AVI de rappeler les gestes relatifs au syndrome du bébé secoué : "un adulte empoigne un nourrisson et le secoue très violemment d'avant en arrière. La tête du [bébé] est complètement ballottée. [Le cerveau du bébé] tape contre la boîte crânienne et les veines du cerveau, d'habitude très solides, se perforent. Il se répand alors dans le cerveau du sang en nappe. Les yeux sont aussi secoués, provoquant alors des hémorragies rétiniennes ; si l'enfant s'en sort, cela peut conduire à la cécité ou à des troubles de la vision".
De fait, les conséquences de "ces grosses lésions" sont désastreuses, poursuit Aude Lafitte : qu'elles soient visuelles, cérébrales ou physiques, ces violences peuvent "tuer un enfant ou l'handicaper à vie". En effet, si 1 bébé sur 5 victime de ces traumatismes n'y survit pas, 75% de ceux qui y réchappent souffrent d'un handicap à vie. De terribles chiffres, qui font du syndrome du bébé secoué la forme la plus grave de traumatisme crânien non accidentel chez les enfants.
Le syndrome du bébé secoué, un acte loin d'être un craquage ou un acte isolé.
Beaucoup d'"idées reçues" perdurent autour du syndrome du bébé secoué : c'est le constat qui a poussé Aude Lafitte à s'engager dans la lutte contre les violences infantiles. Selon la présidente de l'association AVI, la violence [liée au syndrome du bébé secoué et l'acte en lui-même] "semblent tellement impensables que [, dans notre inconscient collectif,] on cherche une explication rationnelle" à "un geste qui est, le plus souvent, répété".
En réalité, le syndrome du bébé secoué découle rarement d'un acte isolé d'un adulte qui craque face aux pleurs ininterrompus d'un bébé. En moyenne, un bébé secoué l'a été une dizaine de fois avant que les faits ne soient découverts par des professionnels de santé. Un drame qui se déroule toujours à huis clos, sans témoins, et qui rend, de fait, la collecte des preuves très difficile, voire quasi impossible. Selon les experts, il y a aujourd'hui une véritable sous-estimation des cas de bébés secoués ; parmi les victimes de cette violence, 67% sont des nourrissons garçons, 37% des nourrissons filles.
Par ailleurs, selon le Fonds de Garantie des Victimes, plus d'une fois sur 2 (55%) les auteurs de cette violence s'avèrent être des hommes. Lorsque le syndrome du bébé secoué est avéré sur un nourrisson, le père est l'auteur du fait dans 70% des cas ; quant aux femmes, elles ne sont responsables de ces violences que dans 10% des cas. Des proportions qui cassent, une fois de plus, les stéréotypes qui entourent le syndrome du bébé secoué.
Quelles sont les missions de l'association Action contre les Violences Infantiles (AVI) ?
Entourée de "professionnels de santé, de la petite enfance, du droit et de parents devenus experts après les expériences de la vie", Aude Lafitte a pour objectif, avec l'association AVI, de "lutter contre toutes les violences faites aux jeunes enfants, de 0 à 3 ans". L'action de l'association s'étend à plusieurs niveaux : d'abord, la "sensibilisation des parents" est cruciale et passe notamment par des actions de communication, détaille Aude Lafitte. Ensuite, la "formation des professionnels" n'est absolument pas à négliger, et notamment en instaurant "la prévention systématique dans les maternités et les lieux d'accueil des parents de jeunes enfants". En réalité, déplore la présidente de l'association Action contre les Violences Infantiles, "beaucoup de professionnels ne veulent pas parler de [la violence que représente le syndrome du bébé secoué] parce qu'ils ne la maîtrisent pas et ont peur de répondre aux questions des parents".
De plus, Aude Lafitte espère également "connaître la vérité" sur les circonstances liées à la mort de son bébé Timothé, décédé des suites du syndrome du bébé secoué. La présidente de l'association AVI souhaite, d'autre part, "que la justice condamne [l'auteur de la violence infligée à son bébé -c'est-à-dire son mari, qui est pour le moment le suspect dans cette affaire-] avec une peine à la hauteur". L'occasion de rappeler que les auteurs de cette maltraitance infantile encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle ; si l'enfant décède, la peine peut monter jusqu'à 30 ans. Désormais, réponse pour Aude Lafitte en décembre, date du procès prévu pour juger l'auteur de la mort de son fils !
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