Comme d’habitude, il est temps de remettre le clocher au milieu du village. Et ce village, cette fois, n’est pas en France, mais à Washington DC. Pourquoi encore Washington DC ? Parce que les propos de Donald Trump, tenus hier sur les échanges commerciaux entre l’Union européenne et les États-Unis, sont à mon avis biaisés, mais risquent d’avoir de lourdes conséquences pour la France.
L’ex-président américain a une fois de plus attaqué l’Europe, en l’accusant de protectionnisme sur le marché automobile, en particulier contre les voitures américaines. Un jugement simpliste, qui ignore les réels enjeux sous-jacents. Trump semble oublier que l’Europe est, en réalité, l’ensemble commercial le moins protectionniste et le plus libre-échangiste au monde.
Le vrai problème : l’adaptation des produits américains
Accuser l’Europe de protectionnisme pour la faible présence des voitures américaines sur le marché européen est un raccourci facile. La vérité, c’est que les véhicules fabriqués aux États-Unis ne sont tout simplement pas adaptés aux besoins et aux attentes des consommateurs européens. Des questions telles que la taille des voitures, l’économie de carburant ou l’adaptation aux infrastructures routières européennes jouent un rôle décisif dans leur faible popularité. En outre, le prix du carburant, bien plus élevé en Europe qu’aux États-Unis, rend l’achat de voitures américaines encore moins attractif.
De retour à la Maison-Blanche, Donald Trump menace le monde de surtaxes douanières pour favoriser l'économie américaine. En Europe, certains secteurs, comme l'automobile, pourraient être particulièrement chahutés
— Sud Radio (@SudRadio) January 22, 2025
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Mais si les voitures américaines peinent à se faire une place sur les routes européennes, cela n’empêche pas certains modèles "Made in USA" de circuler sur nos routes. En effet, de nombreux véhicules emblématiques de marques américaines comme BMW ou Mercedes sont fabriqués sur le sol américain et exportés avec succès vers l’Europe. Par exemple, les modèles BMW X3, X4, X5, X6, et X7 sont produits à Spartanburg, en Caroline du Sud, tandis que les Mercedes EQE, EQS, GLE et GLS sortent des usines de Tuscaloosa, en Alabama. En 2023, l’usine BMW a exporté pour 10,1 milliards de dollars de véhicules dans le monde, et elle reste le principal exportateur automobile américain, devant même Mercedes.
Ce constat montre clairement que les voitures fabriquées aux États-Unis ne sont pas rejetées en Europe. Leur succès dépend avant tout de leur adaptation aux standards européens.
Les risques d’un compromis désavantageux pour la France
Ce qui est à craindre dans les prochains mois, cependant, c’est que l’Allemagne, pour défendre ses puissants constructeurs automobiles, fasse des concessions qui sacrifieraient d’autres secteurs, notamment l’agriculture. Ce point a été subtilement évoqué par Trump après son attaque contre l’automobile. En effet, la France pourrait une nouvelle fois se retrouver désavantagée par des compromis commerciaux qui privilégient l’industrie au détriment de l’agriculture.
Ce ne serait pas la première fois que la France subirait des dommages collatéraux dans des négociations internationales. Le précédent du Mercosur, avec ses conséquences désastreuses pour les agriculteurs français, en est un exemple flagrant. Cependant, sous l’impulsion de figures comme Ursula von der Leyen, les intérêts des paysans français semblent bien loin des priorités de l’Union européenne, toujours plus soucieuse de satisfaire les industriels allemands.
Unité européenne : une utopie face à Trump ?
Certains observateurs avaient envisagé que l’unité européenne serait la clé pour faire face aux pressions de Trump. Mais, à en juger par les derniers développements, il semble que ce ne soit pas pour demain. L’Europe reste divisée, et une fois de plus, c’est la France qui pourrait se retrouver comme le dindon de la farce, sacrifiée au profit d’un compromis jugé plus favorable aux grandes puissances économiques du continent.
Les mois à venir s’annoncent donc cruciaux, avec des enjeux de taille pour l’avenir des relations commerciales transatlantiques, et plus particulièrement pour l’industrie et l’agriculture françaises. Une nouvelle fois, l’Europe devra prouver sa capacité à naviguer dans les eaux troubles des négociations internationales sans laisser ses membres les plus vulnérables dans l’ombre.
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