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Mercure dans nos assiettes : le thon au coeur de la tempête

Par Antonin Durand

L’ONG Bloom et l’association Foodwatch tirent la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié le 29 octobre 2024, elles demandent aux gouvernements et aux grandes surfaces de "prendre des mesures d'urgence". La raison : le taux de mercure trop élevé dans les boîtes de thon. Ces conserves seraient-elles devenues un risque pour la santé ?

Sur 148 boîtes testées, 100 % des boîtes sont contaminées. Les résultats des tests sont clairs révèlent que certaines boîtes dépassent largement la limite de mercure tolérée pour d’autres poissons (0,3 mg/kg). L’association Bloom précise par ailleurs que le thon rouge n’est pas concerné et seuls les thons en boite, les thons blancs, sont concernés. En France, la marque Petit Navire est particulièrement incriminée : une de ses boîtes affiche une teneur de 3,9 mg/kg, soit plus de dix fois la limite maximale admise pour d’autres espèces.

Par ailleurs, la marque affirme que : "La consommation de produits Petit Navire est parfaitement sûre pour les consommateurs. La sécurité et le bien-être de nos consommateurs sont une priorité absolue chez Petit Navire." De plus, la firme assure que tous ses produits sont conformes à la réglementations françaises : "Dans ce cadre, nous réalisons tous les mois, des tests sur nos espèces de thon dans nos différentes zones d’approvisionnement pour vérifier la conformité des poissons que nous achetons et garantir la sécurité de nos produits. Ces contrôles sont réalisés par ou avec le support de laboratoires indépendants et accrédités par les autorités sanitaires françaises et européennes." avant de compléter : "Au cours des trois dernières années, nous avons réalisé 270 contrôles. Les résultats de ces contrôles n'ont jamais révélé de taux de mercure supérieurs aux normes européennes en vigueur et sont en moyenne compris entre 0,2 et 0,3 mg/kg, soit 70 à 80 % de moins que la limite autorisée."

Cette révélation relance les débats sur la qualité de nos produits de la mer. Pourtant, la question n’est pas nouvelle : dès 2009, les Nations unies avaient envisagé des mesures contraignantes pour limiter le déversement de mercure dans les océans. Laurent Chevallier, médecin nutritionniste, rappelle que "c’est un sujet surveillé par les autorités sanitaires et qui préoccupe la communauté scientifique depuis longtemps."

https://twitter.com/SudRadio/status/1851690385233580159

Un dérivé du mercure

Dans les océans, le mercure subit une transformation chimique sous l’effet de bactéries, devenant méthylmercure, une forme encore plus toxique. "Le mercure élémentaire et le méthylmercure sont toxiques pour les systèmes nerveux (...); des troubles neurologiques et comportementaux peuvent être observés après exposition", précise l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce dérivé toxique s’accumule dans les poissons en bout de chaîne, comme le thon… Une exposition chronique au méthylmercure présente des risques accrus pour certaines catégories de la population, en particulier les femmes enceintes. "Il faut faire attention pour les femmes enceintes, car en étant exposées, dans la descendance, il peut y avoir des lésions cérébrales de type hyperactivité", explique le médecin.

Une consommation à revoir

Alors faut-il réduire sa consommation de thon ? Laurent Chevallier se veut rassurant : "Les gens peuvent consommer du thon, si on consomme de temps en temps, il n’y a pas de risque particulier" tout en recommandant la prudence pour les consommateurs réguliers et les femmes enceintes.

https://twitter.com/SudRadio/status/1851505282448273759

Face à ces constats, Bloom et Foodwatch demandent une révision des réglementations européennes et un contrôle renforcé des produits de la mer. "L’industrie doit assumer ses responsabilités", clament-elles, en soulignant que la santé des consommateurs devrait passer avant les impératifs commerciaux. Un message fort, alors que de plus en plus de consommateurs se tournent vers les produits de la mer en quête d’une alimentation saine et naturelle, sans se douter des dangers qui se cachent parfois dans une simple boîte de conserve.

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