Sur 148 boîtes testées, 100 % des boîtes sont contaminées. Les résultats des tests sont clairs révèlent que certaines boîtes dépassent largement la limite de mercure tolérée pour d’autres poissons (0,3 mg/kg). L’association Bloom précise par ailleurs que le thon rouge n’est pas concerné et seuls les thons en boite, les thons blancs, sont concernés. En France, la marque Petit Navire est particulièrement incriminée : une de ses boîtes affiche une teneur de 3,9 mg/kg, soit plus de dix fois la limite maximale admise pour d’autres espèces. Cette révélation relance les débats sur la qualité de nos produits de la mer. Pourtant, la question n’est pas nouvelle : dès 2009, les Nations unies avaient envisagé des mesures contraignantes pour limiter le déversement de mercure dans les océans. Laurent Chevallier, médecin nutritionniste, rappelle que "c’est un sujet surveillé par les autorités sanitaires et qui préoccupe la communauté scientifique depuis longtemps."
Un dérivé du mercure
Dans les océans, le mercure subit une transformation chimique sous l’effet de bactéries, devenant méthylmercure, une forme encore plus toxique. "Le mercure élémentaire et le méthylmercure sont toxiques pour les systèmes nerveux (...); des troubles neurologiques et comportementaux peuvent être observés après exposition", précise l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce dérivé toxique s’accumule dans les poissons en bout de chaîne, comme le thon… Une exposition chronique au méthylmercure présente des risques accrus pour certaines catégories de la population, en particulier les femmes enceintes. "Il faut faire attention pour les femmes enceintes, car en étant exposées, dans la descendance, il peut y avoir des lésions cérébrales de type hyperactivité", explique le médecin.
Une consommation à revoir
Alors faut-il réduire sa consommation de thon ? Laurent Chevallier se veut rassurant : "Les gens peuvent consommer du thon, si on consomme de temps en temps, il n’y a pas de risque particulier" tout en recommandant la prudence pour les consommateurs réguliers et les femmes enceintes.
Face à ces constats, Bloom et Foodwatch demandent une révision des réglementations européennes et un contrôle renforcé des produits de la mer. "L’industrie doit assumer ses responsabilités", clament-elles, en soulignant que la santé des consommateurs devrait passer avant les impératifs commerciaux. Un message fort, alors que de plus en plus de consommateurs se tournent vers les produits de la mer en quête d’une alimentation saine et naturelle, sans se douter des dangers qui se cachent parfois dans une simple boîte de conserve.